Il y a quelque chose de pourri au royaume des techbros

Arathéa Sar'Flyel
Petite vampire, aime explorer et les calins
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Arathéa Sar'Flyel
Mar 16 Avr - 14:43

Un pressentiment me taraudait depuis le réveil, signe des problèmes à venir. La journée avait commencé par une pâtissouris vadrouillant dans notre chambre. Je ne suis pas de ceux qui laissent leur destin être guidé par des salades mystiques, mais les vieux n’ont pas toujours tort avec leurs proverbes. Pâtissouris du soir, espoir; pâtissouris du matin, chagrin. Je ne suis pourtant pas femme superstitieuse, mais peut-être aurais-je dû.

Ma sœur armée de moi, nous nous étions rendues dans l’Avenir, quartier dont les couleurs vives ne suffisaient pas à dissimuler la désolation et le vide ambiant, comme une cicatrice de couleur et de vie dans un quartier qui semblait à l’abandon, relique d’un passé glorieux et d’un avenir qui ne voulait pas encore naître. Une cigarette en chocolat au bec, ma sœur arpentait les rues, l'œil aux aguets. Nous avions avec nous une cargaison de laine de mouton électrique, que nous avions échangée auprès du groupe Éolie dans le quartier survitaminé et dopé au liquide de batterie. Un deal louche, mais avec nos brassards verts, ce genre de commerce nous est devenu bien familier. Quand on est VV, on trempe dans beaucoup de choses. Même ma sœur, qui ne prend de bain que si elle y est absolument forcée, sait quand il faut se mouiller jusqu’au cou pour l’intérêt du groupe.

Décidément, depuis que je m’étais réveillée d’un rêve avec une licorne détective privée enquêtant sur un trafic de sucrette aspartame, mes pensées ont été bien noires. Qui ferait ça, dans quel but… La Ville est devenue une jungle, une jungle de béton coloré et de rivalités sourdes, qui n’attendent qu’une étincelle pour que le grand vase des ressentiments ne déborde… Ou… ou quelque chose comme ça…

La nuit esquisséenne tomba comme elle tombe toujours. Elle enveloppa tous les crimes des Esquisséens dans ses bras aimants, ceux d’une mauvaise mère, qui ferait fumer ses gosses et les inciterait à commettre encore plus de bêtises. Les néons du quartier, entre blafards et survoltés, ne suffisaient pas à en dissiper les ombres. Peut-être est-ce un avertissement que nous aurions dû percevoir, mais ma sœur était plus intéressée par un nouvel objectif : Entrer dans la Discotech, haut lieu de débauche et de vice, ou n’importe qui peut trouver n’importe quoi, contre quelques services échangés sous le manteau… Forcément, de quoi attirer ma sœur, jamais absente quand il s’agit de remuer la vase, quitte à se faire mordre la main par un brochette, avec ses dents longues en triangles de poivron.  Enfin, je ne vais pas la juger, attirée que j’étais par le bâtiment chamarré, comme une mouche par une lumière vive, ainsi que par la douce musique électronique balancée à fond par des enceintes défaillantes, qui saisissait mon cœur à son point le plus sensible. Et bien sûr, il y avait cet attrait, celui de braver l’interdit, d’aller là où nous ne pouvions aller : dans un lieu réservé aux adultes.

Las, l’entrée au lieu de danse nous fut interdit par un colosse aux bras en asperges. Il nous regarda de son air vachard, sa tête qui indiquait bien qu’il en avait vu assez et surtout, dans notre petit jeu.

« On entre pas si on m’arrive pas au d’sous’bras! »
Et le vigile pas tubulaire (quoique) de nous indiquer, d’un air aimable comme une porte de prison un recoin où une frite évincée attendait. Le coin des ratés. De ceux qui n’avaient pas le droit de passer. Nous étions, pour cette société, comme une frite froide laissée sans sauce au coin de l’assiette…

Alors, plutôt que de laisser seul maître de la soirée le silence froid de la nuit, un comble alors que nous étions au portes d’un inaccessible temple de la musique, j’entamai la conversation, à défaut d’un steak-frite sans steak :
Tu crois qu’il y a une porte de derrière ?
Plus que cette proposition de coup fourré, je pense que ce qui allait troubler cette petite dans son sac poubelle, c’était le fait que j’eusse parlé alors que la bouche de ma sœur était restée close, comme nos espoirs d’entrer dans les règles.
Nan mais, commence pas la convo, on en a déjà parlé.
Genre tu le fais jamais !
Oui bah euh hein hé. L’éloquence de ma sœur n’avait nulle autre pareille. Excuse petite, c’est mon épée qui a causé, là, mais en vrai, tu peux répondre à la question quand-même.
Et l’épée, c’est ta sœur !
… Ouais, littéralement…


Dernière édition par Arathéa Sar'Flyel le Jeu 18 Avr - 17:40, édité 1 fois



Shynagi
Une frite qui a du piquant
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Shynagi
Mer 17 Avr - 14:02


« Galina compte sur moi. » se répétait Ekithée le long du chemin. Sa mission ? Ekithée même ne sait pas trop, mais ça c’est normal. Quel meilleur moyen d’assurer la confidentialité d’une mission top secrète que de ne soi-même pas connaître l’objet précis de la mission. Une sordide histoire à l’Avenir. De nombreuses pistes. À ce stade de l’enquête, tout le monde est un suspect potentiel. Le quartier grouille de menaces, de gens louches qui ont certainement des choses à cacher. Les regards sur Ekithée. Autant de menaces potentielles. Une multitude de personnes ayant des choses à se reprocher ? Une bande organisée voulant silencier la justicière privée ? Une lutte intestine entre clans tous moins respectables les uns que les autres dans ce quartier lugubre ?

La Discothèque serait le lieu de départ. Par sa formation, Ekithée sait mieux que quiconque qu’une discothèque est un lieu idéal pour obtenir les confessions d’hommes titubant, déliés des carcans de la vie en société. Ceci est d’autant plus vrai qu’à l’Avenir, tout tend vers une ambiance de gens louches, qui autour d’un alcool bon marché sorti des dernières inventions technologiques du coin, dévoileraient des secrets inavouables et feraient des propositions qu’on ne peut pas refuser.

Le disco n’est pas mort. Ekithée s’était préparée avec l’aide de Galina pour cette mission, non pas que cette dernière validait particulièrement les choix d’Ekithée, mais l’amusement de la situation prenait le pas sur la raison. Alors, Ekithée pointa le bout de sa frite à la discothèque portant un objet sphérique ressemblant plus ou moins à une boule de disco recomposée de bric et de broc. Sa frite était protégée par un vieux plaid violet pelé attaché autour d’elle par une épingle à nourrice. Car l’investigation c’est du sérieux, son sac poubelle avait été découpé pour former des poches à l’intérieur du plaid, poches tombant jusqu'à son compas, à quelques bouts d'être une traîne de robe nuptiale.

Toute Ekithée qu’elle était, souhaitant à tout prix faire honneur à Galina et sa mission secrète, elle s’adressa au videur. « Yo yo yo msieur, ça groove un max là-dedans. Mais vous savez ce qui serait encore plus disco ? Un peu de lumière, de paillettes, de swag ? Et vous savez-quoi msieur ? C'est vot' jour de chance, je suis là pour ça. ». Sans voix, il aurait fallu un moment pour que le vigil détricote les différentes influences mélangées dans cette phrase accompagnée d’une gestuelle à la hauteur du costume qu’il avait en vue. Des extravagants, il en avait déjà vu, et certainement des moins sobres qu’Ekithée. Il aurait pu la prendre pour une danseuse aux barres, un divertissement payé par un habitué. Mais il put s’épargner tout ça, « On entre pas si on m’arrive pas au d’sous’bras! Sans chapeau. ».

Certainement la seule et unique faille du raisonnement d’Ekithée. Alors qu’elle commença à déblatérer un discours sur les discriminations envers les petits habitants de l’Esquisse et en quoi elle était si disco que sa coiffe était une partie de son être, le vigil interrompit Ekithée. « On a d’ja assez d’souci comme ça m’demoiselle. Pas. De. Gamine. Pas d’accompagnateur VIP, pas d’entrée. »

Ekithée aurait de la ressource pour poursuivre la discussion mais elle sentait bien que la file s’allongeait. Plus elle resterait, plus ses chances de voir les étoiles au-dessus de sa tête augmenteraient. Elle se retira en douceur de la file, vers le coin indiqué par le vigil.

Elle devait trouver un plan, comme elle sait si bien le faire. En plein dans ses élucubrations allant toujours plus loin et touchant de prêt leur cible, une femme lui adressa la parole. Elle avait tout l’air d’une valkyrie, accompagnée de son arme enchantée, certainement obtenue après une longue quête dangereuse au sein du village maudit et possédée par des esprits anciens. « Une porte derrière ? Je n’ai pas encore vérifié. Mais permettez-moi de me présenter. Fasseki, inspectrice du FUN, mes supérieurs m’ont avertie que cet établissement manquait de rires et de franche camaraderie. Vous m’avez tout l’air d’être des personnes de confiance, je lis en vous la bravoure des temps passés alliée à la fougue d’une jeunesse en colère. »

Craignant de perdre l’attention de son interlocutrice et peut-être partenaire d’investigation, elle revint à l’objet d’attention de celle-ci, « Belle épée, j'aime les épées parlantes, très fun. Bref, vous m’avez l’air d’aimer l’action, on peut allier nos intérêts. On peut trouver la porte dont vous parlez. Mais après ça, on peut faire mieux. Bien mieux. Et siiiii le coin des râtés devenait the place to be ? Si on devenait tellement FUN que les clients sortiraient par la porte arrière pour faire la teuf avec nous jusqu'à pas d'heure ? Nous aurions le fun et le pouvoir. Intéressant, non ? »

Mauvaise habitude scolaire bien ancrée, Ekithée parlait beaucoup. Elle essayait de soigner ça mais croyez-là, c’est pas chose simple quand les idées fusent. L’oeil lumineux, non pas en raison de sa coiffe, Ekithée attendait impatiemment la réponse de ce qui avait tout l’air d’une protagoniste de fiction jeune adulte. Et bien sûr, elle gardait quelques atouts dans sa poche si, bonne protagoniste fut la guerrière à l'épée possédée, elle n’accepterait pas cette quête sans autre raison.


Ekithée : #cc9933 Il y a quelque chose de pourri au royaume des techbros CISklWB
Arathéa Sar'Flyel
Petite vampire, aime explorer et les calins
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Arathéa Sar'Flyel
Lun 6 Mai - 11:58
Le fun. Je ne connaissais pas cet organisme, pas étonnant dans une ville comptant plus d’organisations toutes plus où moins louches que d’habitants. Comme ça, au nom, j’aurais dit qu’elle était chargée de couvrir sous une fine couche de bonne humeur et de pseudo-camaraderie la crasse et le délabrement du quartier, comme un trafiquant de tagadas qui financerait ouvertement des pubs pour les dentifrices pour couvrir son commerce pourvoyeur de caries. Elle essayait de nous prendre par les sentiments, mais les Verts-Veines ont l’habitude d’être considérés comme la peste et le choléra en même temps et revendiquent presque cette image de mal aimés. Nous sommes la lie verdâtre de cette ville pourrie…


J’ai plus simple, on trouve la porte de derrière et on pète la gueule au vigile pour qu’il n’y aie plus qu’à passer par la grande porte pour quitter leur discothèque pourrie.

La revanche collait à la peau de ma sœur comme l’odeur de la came à celle d’un drogué.  Cependant, obnubilée par ses envies de représailles, par sa dose de violence, elle pouvait vite en oublier l’essentiel…

Faudrait pas d’abord trouver la porte de derrière ?

Évidemment qu’il y en avait une, un établissement comme celui-ci devrait même en avoir deux ou trois pour couvrir trafics et rendez-vous clandestins dans le dos de Madame. Laquelle sera venue ici, elle aussi avec son amant, et mieux vaut éviter que les deux couples ne se croisassent, pour le bien des oreilles voisines. Le tout maintenant… serait de la trouver. Pendant que ma sœur s’éloignait de l’entrée, je poursuivis la conversation, brisant quelque peu les rêves de la frite qui risque de ne plus avoir la patate :

Et pour transformer le coin des losers en quelque chose qui en vaut la peine, il faudrait pouvoir les concurrencer niveau son et lumière. Ma sœur crie fort, mais musicalement, c’est pas ça.

Oui, ben ça va hein ! Tiens, j’ai trouvé !

En guise de porte arrière, c’était une porte colorée donc les battants étaient des rouleaux de nettoyage comme on en trouve dans un lavomatic. Si on pense à tout le sale commerce qui passe par là, c’était là encore une ironie noire dont nous gratifiait l’Esquisse. Noire comme mes pensées, qui ne seraient pas lavés par ce subterfuge architectural. Les rouleaux, de toute façon, n’étaient ni mouillés ni savonneux, juste frais et parfumés, comme le sont ces petits sapins que l’on accroche au rétroviseur des voitures pour camoufler l’odeur de renfermé et les remugles de corps fraîchement descendus et planqués dans le coffre.

Mais au moment où nous nous décidâmes, la frite, ma sœur et moi, de nous enfoncer dans ce lieu de vice et de perdition pour y trouver un refuge à un quotidien morose, voilà que la musique qui seule arrivait à m’emplir d’un doux, mais faible sentiment de joie, fut rompue un bref instant par un son bien moins doux à mes oreilles et que l’était un peu trop aux oreilles de ma sœur…

Un coup de feu !

T’y vas, épée contre flingue !?

La réalité de l’écart de force entre nous et la menace remit les pieds sur terre à ma sœur, ce qu’elle signala par un éloquent silence. Elle attrapa la frite et sauta derrière trois poubelles, le temps que ça se calme… Heureusement, il n’y eut qu’un tir et il ne devait pas nous être destiné, car nous n’entendîmes plus qu’un léger clapotis, le coupable de son de pas qui, dans leur course par une ruelle, avaient marché dans une flaque… Mon acier multicolore sortit de son fourreau et fut alors brandi, même si je ne nous donnais pas gagnante dans un duel… Seul le silence répondit à mes craintes.

Y’a plus personne… Toi, t’es inspectrice, nan ? On va avoir besoin de toi !



Shynagi
Une frite qui a du piquant
Personnages : Ekithée
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Shynagi
Hier à 18:04


Son projet de contre-discothèque aussi vite avorté, Ekithée n’allait pas faire d’opposition, encore moins d’incarnation théâtrale pour défendre son choix. Elle était prête à trouver la porte derrière. Peut-être pas cogner le vigile, ou seulement via un plan digne d’un Scooby Doo pour le piéger. Pendant qu'elle élaborait la suite des opérations et sa réponse, les sœurs se mirent en route.

Puisque pas le temps de niaiser, de ses plus beaux pas de disco elle les accompagna avec entrain et discrétion (toute aussi discrète que puisse être une disco-frite surjouant le soupçon). Départ de fusillade, glissade toute feu toute flamme, quelque peu tirée par les sœurs.

Inspectrice ? Oui, Ekithée devait rester tête haute, comment l’inspectrice Fasseki gèrerait une telle atteinte au FUN ? Après élimination des extravagances qui pourraient lui coûter la vie (bien que ce serait tout à fait mémorable pour les spectateurs du triste événement), d’un déhanché assuré et d’un mouvement arrière de sa tête à facette, Ekithée imagina quelques notes de jazz dans sa tête. Inspectrice disco dans un film noir, prête à retenir les sœurs quelques instants. Vaut mieux une longue tirade qu’un rapide coup de feu funeste. Sérieuse et désinvolte, voici son plan :

« Inspectrice Fasseki elle-même. Je ne vous apprendrai certainement rien mais cette ville n’a pas entendu le marteau d’un juge depuis belle lurette. Le droit est mort, vive la magistrature. Dans ce monde de milices renégates à la conception bien privée de l’ordre, pensez-vous vraiment que simplement inspecter fasse l’affaire ? Dans cette ville de pourris, l’inspecteur qui veut vraiment faire son travail, autrement qu’à arrondir des angles contre quelques services rendus, doit passer par des moyens bien peu conventionnels ... C’est le jeu. Pour remporter la victoire, vous devez mettre de vous-même dans ce jeu, et plus vous mettez de vous-même, plus la rage qui vous pousse à la victoire et vous consume est intense. Pour le bien de tous on doit se faire justice soi-même.

Et il se trouve que vous comme moi êtes en quête de Dame Justice. La contre-discothèque n’adviendra pas, mais je ne blâmerai pas la voix de ta soeur ... C’est quoi vos noms d’ailleurs ? Si de ses cris nous ne ferons pas le tube de l’année, nous porterons la voix de la Vérité pour un monde un peu moins pourri. Un monde un peu plus FUN, plus disco. Oui nous emprunterons cette porte de derrière mais si je me présente comme inspectrice, ce sera finito pipo, pour moi, click crack boom, pour vous ensuite. Je ne voudrais pas lancer d’autres affaires criminelles à résoudre ... Par contre ... La justice doit faire habits neufs pour se parer à la fête. Que diriez-vous que nous suggérerions à un client ivre à la sortie de la boîte de nous prêter son impair ou toute autre tenue ample pour ne faire qu’unes et passer en-dehors des radars ? Au moment opportun, plus qu’à ouvrir grand cette veste et ... régler cette affaire à votre manière, sans excès de violence si possible. Je serai la tête, ou surtout la bouche, et vous le corps, dès que je dirais disco, vous aurez carte blanche. »


Au risque de voir son élan balayé par ses complices, l’inspectrice avait fait son travail, son regard quittait les sœurs pour prendre un air faussement désabusé, guettant en réalité toute présence alentour, moins pour se protéger elle qu'empêcher deux adolescentes de se faire descendre à blanc. Tout est une question de posture dit-on. Et puis dans tous les cas, si personne n’était prêt à donner de gré ou de force un vêtement, il doit certainement y avoir des informations à soutirer à quelques clients ivres à la sortie ou des impatients dans la queue.


Ekithée : #cc9933 Il y a quelque chose de pourri au royaume des techbros CISklWB
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