Épreuve 6 - Équipes A et D [ ♦ ♣ ]

Folie d'Esquisse
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Folie d'Esquisse
Sam 23 Mar - 23:48

Épreuve n°6 - Extrapolation


Nous sommes tous les jours entourés de détails qui nous paraissent insignifiants. Des évènements a priori décorrélés et imprévisibles s'entrechoquent parfois pour donner de curieuses coïncidences.

Alors que vous faisiez vous aussi partie de cette masse grouillante qui continue à vivre dans l'ignorance la plus totale, vous commencez à ouvrir les yeux sur ces indices du quotidien qui, de fil en aiguille, esquissent les traits d'une gigantesque conspiration. Quelle est la force mystérieuse qui l'oeuvre dans l'ombre ? Et surtout, que va-t-il se passer, maintenant que vous savez ? (parce que bien sûr, ça ne peut être que la vérité, n'est-ce pas ?)


Nous rappelons que les forums devant poster sur ce sujet sont les suivants : Esquisse, Four Seasons, Hikari Sekai, Ilukaan, Just Married, Master Poké, Metro, Nano RP, Shingeki no Kyojin Rebirth et Why.
Pour les autres, c'est par ici.

Rappel du fonctionnement:

Quelques petites consignes :

  • En début de post (uniquement dans le premier post s'il s'agit d'un mini-RP), nous vous invitons à présenter sommairement votre univers et votre personnage de manière à nous fournir assez d'éléments pour tout comprendre.
  • Les mises en page sont autorisées, mais nous comptons sur vous pour faire attention à la lisibilité en évitant les couleurs/polices illisibles et les tailles d'écriture en-dessous de celle par défaut. Si vous avez un doute, vous pouvez venir faire des tests sur ce sujet et demander des avis sur la shoutbox.
  • Si vous voulez avoir votre avatar qui s'affiche joliment à gauche, vous pouvez utiliser la balise de transformation :
    Code:
    <transformation invite perso="Nom de votre perso" avatar="Lien de l'image de votre avatar" forum="Nom de votre forum" lien="Lien de votre forum ou de votre fiche de perso" />


Anonymous
Hayate Onishi [HS]
Invité
Dim 24 Mar - 10:40
Contexte:

Avez-vous déjà eu ces sensations de déjà-vu dans votre vie ? Que dis-je, qui n'a jamais eu ce sentiment de revoir une scène qu'on est même pas sûr de l'avoir déjà vu réellement, à moins dans nos rêves ? Certains croient en des rêves prémonitoires, d'autres s'en moquent en qualifiant cela de normal, comme si notre esprit pouvait deviner à l'avance ce qu'il pouvait se passer dans l'avenir. Et si tout cela n'était qu'une... conspiration ?!

C'est en marchant dans les rues, ou plutôt en vagabondant dans la ville, pour prendre l'air et ne pas rester dans les "pattes" de ma mère qui est encore avec mon pseudo-beau-père-pour-un-mois, que j'ai réfléchi à tout cela. Surtout après avoir signalé à ma génitrice que je sortais justement faire un tour, sa réponse m'avait semblé... attendu. La sensation de déjà-vu m'avait plus surpris qu'à l'habitude, cette fois, car même les odeurs me paraissaient un peu trop familière cette fois. Le spectacle que m'offrait l'adulte en pointant le bout de son nez à travers le couloirs pour m'observer avant de me répondre dans un total désintérêt :

- "Ok, amuse-toi bien"

Avant de continuer la vaisselle me donnait l'impression que j'avais déjà rêvé de tout ça. Ou vécu, même. Bien que c'était un peu trop mon quotidien que j'avais le sentiment de revivre la même chose chaque jour ? Et si c'était... tout autre chose ? Quelque chose à laquelle personne ne pense, ou seulement quelques érudits ?

Pour le coup, j'avais carrément pensé à Matrix. C'est vrai que le film parlait de cette sensation justement, mais si la théorie était réelle, pourquoi les machines nous laissaient croire ce genre de choses, alors que nous pourrions si facilement nous rebeller ? Non, et puis, je ne crois pas que l'hybride soit capable de créer des machines aussi sophistiquées pour l'instant...

Mais peut-être... une autre créature ? Je repense justement aux scientologues ou même aux ufologues, ces gens qui croient justement en une vie extraterrestre. Personnellement, à ce sujet, je ne sais pas trop me prononcer. Sans doute existe-t-il une vie ailleurs que sur Terre, mais serait-elle assez développée pour se déplacer jusque nous, alors qu'à notre niveau, nous ne sommes pas sûrs que ce soit possible. Mais je ne suis pas assez qualifié, je suppose pour me poser ce genre de questions, et puis, j'avoue que je n'y porte pas vraiment d'intérêt au quotidien...

Cependant, je sais qu'il existe une personne proche de moi qui s'y intéresse suffisamment pour fonder un pseudo-club d'astronomie pour discuter justement des phénomènes extra-planétaire : Shun Lazuli. Cet hybride lapin en a suffisamment parlé à l'époque de la fondation de son club pour que je doute de la finalité de l'association d'élèves. Mais visiblement, ce sujet attire suffisamment d'élèves, donc je n'avais rien à redire. Et puis, il fait ce qu'il veut ce lapin de mes deux !

Mais... Attendez... Pire que cela... Et s'il savait ? S'il s'agissait vraiment d'une conspiration extraterrestre et qu'en fait, il était carrément au courant, voire qu'il les aidait à nous manipuler ?! Je savais ce lapin doté d'un talent capable de charmer son entourage, au point de les manipuler afin qu'ils pensent qu'il est adorable, mais moi, je connais son vrai visage, ce n'est rien d'autre qu'un maudit lapin, qui se fait passer pour mignon pour qu'on l'idolâtre ! Je le sais coupable d'une bassesse, combien de fois a-t-il essayé de me marcher dessus pour asseoir sa supériorité - je suis sûr qu'il a un complexe, le bougre ! - et me faire passer pour le méchant de l'histoire ? Bon, certes, je ne suis pas tou blanc, je suis même gris selon ma race, mais lui, c'est loin d'être le lapin blanc qu'il prétend être !

Ah ! Mais, justement ! En parlant de lapin blanc... Dans Alice aux pays des merveilles - et aussi dans Matrix d'ailleurs - il y a cette histoire de lapin blanc... Et si...? C'est trop flagrant... Mais... Peut-être que si je l'observais quelque temps... Je trouverais quelques indices pour prouver qu'il est de mèche avec les aliens pour nous manipuler ?!

Mon plan se met en route dans mon cerveau, mais je suis subitement interrompu par deux témoins de Jéhovah qui passaient justement par là, avec leur petit chariot de revues spéciales sur le Christ. Super, pile au bon moment, vous le sentez mon enthousiasme ? Comme bon nombre de gens, je me détourne d'eux et traverse même la rue pour les éviter, mais c'est pour tomber sur un apocalypticien qui criait la fin du monde dans deux jours. Super, et dans trois jours, il annoncera la fin du monde dans un an, une connerie comme ça en justifiant qu'il s'est trompé dans ses calculs. Mais du coup, dans la foule, je n'ai pas le temps de l'éviter et voilà qu'il me prend par les épaules pour me vociférer à la figure combien il est triste pour mon jeune âge et mon regard ignorant de ne pas comprendre ce qu'il va se dérouler incessamment sous peu. Je donne un coup d'épaule pour me libérer de son étreinte et accélérer le pas pour fuir. J'ai pris peur.

Mais tout ça me fait réfléchir, car j'ai le sentiment qu'on essaie de me couper dans mes pensées, qu'on essaie de me faire penser à autre chose. Serait-ce réellement une conspiration ? Alors, aurais-je raison ? Ce lapin serait à l'origine de tout ça ? Je le savais... Il était pas net depuis le début... Je me sens presque comme Bruce Willis chargé de sauver la Terre dans un de ses nombreux film. Maintenant que j'avais trouvé le coupable, il me fallait des preuves et faire en sorte de faire arrêter le complot au plus vite, sinon... ce serait vraiment la fin du monde !

Soudain, des gouttes d'eau tombent du ciel, puis une averse soudaine qui fait se dépeupler les rues. Et vous connaissez les moeurs du Japon où il ne faut pas trop se mouiller, auquel cas on risquerait de choper une maladie ? Eh bien, je suis éduqué - programmé - pour me mettre à l'abri instinctivement dès qu'il se met à pleuvoir. Et comme je n'avais pas de parapluie sur moi, mon réflexe fut de me diriger vers la maison, aussi vite que je pouvais.

Ainsi, même la météo avait pris le parti de mon ennemi intime... Je n'étais pas Bruce Willis et j'étais incapable de lutter contre ça. Mais, je l'aurai un jour, je l'aurai !
Anonymous
SergKita [Me]
Invité
Dim 24 Mar - 16:15


Contexte + des infos en tout genre:

La journée avait été longue pour Sergueï. Isaac étant fiévreux, c’était elle qui s’était occupée des affaires journalières des Siffleurs. Résultat des courses : elle avait frappé un fournisseur, saccagé la marchandise d’un rival, mais n’avait pas réussi à abattre les porcelets qui s’étaient lovés contre ses jambes quand elle était rentrée dans leur enclos. Elle n’avait pourtant jamais eu une quelconque affinité avec les bêtes. Sans compter qu’elle était une chienne, pas une truie.

C’était donc avec une veine saillante sur le front qu’elle traversait le quartier de Prospect Mira pour rejoindre la « piaule » fraternelle. Le regard baissé, la cadence rapide, elle grognait dès qu’un passant entrait en contact avec elle. Dans une foule aussi opaque que celle du gigantesque marché, elle grognait beaucoup.

La Chienne de la Hanse se figea subitement. Un courant d’air glacial venait de chatouiller sa nuque pour descendre le long de son dos nu. Comme une caresse moite. Elle fit volte-face. Apperçut une silhouette écrasée se fondre dans la foule. La chute d’un jeune docker et de son seau de déjection dans son dos l’empêcha de se lancer à la poursuite de la silhouette. Alors que tous les passants s’énervaient contre le maladroit, Sergueï fit les gros yeux. Elle ressassa cette scène durant le reste de son trajet. Elle avait échappé de peu à une situation gênante grâce à ce frisson qui lui inspirait quelque chose d’étrange. Surnaturel.

Ses pensées changèrent du tout au tout quand elle poussa la plaque de taule qui servait de porte coulissante à son appartement. Une odeur lui envahit subitement les narines. Une odeur familière, mais dont elle ne parvenait pas à se rappeler. Elle arqua un sourcil. N’arrivant pas à l’identifier.

Snif. Snif.

À coup de reniflement compulsif, elle identifia la provenance de l’envoûtante odeur. De la nourriture. Son esprit animal, directement relié à son estomac, le fit grogner comme elle plus tôt dans la foule. Elle entra. Nez en avant pour servir de guide. Il la mena jusqu’à la miteuse cuisine du piteux appartement. Dans une casserole noirâtre un liquide rouge clapotait doucement en dégageant un limpide nuage de vapeur. L’odeur venait de là. Le visage hargneux de Sergueï se décomposa. Sa bouche s’entrouvrit. Ses yeux s’humectèrent. Ses traits crispés par l’animalité avaient laissé place à ceux d’une adulte replongée en enfance.

Elle revoyait cette grosse marmite de son enfance qu’elle entendait clapoter sans pouvoir apercevoir ce qui se passait dedans. Elle avait maintenant cette vision en face d’elle. L’enfant en elle sauta de joie, accédant enfin à ce panorama tant fantasmé. Ce qui arracha un discret sourire à Sergueï, relevant une dentition usée. Cette replongée en enfance lui rappela un précepte que l’on ressassait inlassablement aux enfants qui était souligné par des gencives douloureuse. Motivée par une culpabilité soudaine, la mercenaire délaissa le plat du regard pour se jeter dans le cagibi servant de salle de bain.

Lorsqu’elle déboula à l’intérieur, elle fut surprise d’y trouver une bassine fumante avec, posé sur un petit tabouret tout le nécessaire à une toilette complète.

Snif.

Elle ne faisait que vérifier ses capacités olfactives. Ce reniflement ne réfrénait pas l’émotion causée par ces souvenirs remontant à la surface. Elle s’attela précautionneusement à sa toilette.

L’eau chaude et les différentes huiles lui faisaient l’effet d’une chaleureuse caresse sur sa peau tâchée d’un bleu hématome. Une attention réconfortante. Rassurante. Le corps immergé dans la bassine, elle ramena ses genoux contre son torse et lova sa tête contre ses genoux, fermant doucement ses yeux rougis.

Ce ne fut que lorsque l’eau se mit à tiédir que la Chienne émergea de l’étreinte maternelle de Morphée. Revêtant ses vêtements du jour, elle quitta la salle de bain. Quittant les effluves de savon et huiles corporels pour rejoindre celles d’une cuisine chargée de souvenir.

Elle remarqua sur la table un gâteau précautionneusement emballé dans un chiffon pâle. Elle s’approcha, à pas de loup, d’une main prudente, elle souleva le chiffon. Elle reconnut à l’aspect et l’odeur d’un autre mets oublié.

Le visage décomposé, les lèvres de Sergueï se mouvèrent doucement, laissant un imperceptible murmure en émerger.

-Me… Medovik…

Sergueï se propulsa jusqu’à l’autre bout de l’habitation. Cognant son épaule contre une porte en bois rafistolée qui s’ouvrit à la volée sur un Isaac sursautant et encore ensommeillé.

-Isaac ! Dépêche-toi, elle est venue nous rendre visite !

Le roux attrapa la tête de son lit pour se redresser, et frotta de son autre paume l’un de ces yeux. Il percevait sa sœur, tant bien que mal, la tête plongée dans l’un de ses tiroirs à vêtement. Elle sortait des chemises, des cols roulés, les jaugeaient puis les jetaient, secouant compulsivement la tête de gauche à droite. Il détourna la tête un moment, regardant la porte ouverte sur la minuscule salle à manger de l’appartement de taule.

-Isaac ! Comment je suis ?!

Reportant son regard terne sur sa sœur, il écarquilla subitement les yeux. Elle avait en un instant, troqué les habituelles sangles qui habillaient son buste pour une chemise grise qu’elle avait refermé jusqu’au col, elle avait déboutonné les boutons des poignets pour retrousser les manches jusqu’à ses coudes. Révélant les muscles saillants et tatoués de ses avants-bras. Elle avait délaissé son treillis au profit d’un pantalon délavé plus près du corps. Bien qu’appartenant à Isaac à l’origine, le vêtement ne dessinait pas vraiment ses formes, mais, venant de Sergueï, la différence était plus que visible.

-Tu…

Le trouble d’Isaac se lisait aisément sur son visage. Et il s’accentua quand un sourire rayonnant et satisfait d’elle-même apparut sur le visage de Sergueï qui avait interprété le mutisme et la surprise de son frère pour une approbation.

-Je peux aller la voir comme ça ? Elle sera fière de moi ?

Le trépignement et le sourire excité de sa sœur arrachèrent un franc sourire à Isaac.

-Oui, vas-y, je vais m’habiller pour vous rejoindre.

Serguei se mit à sourire. De toutes ses dents. Elle se jeta dans la salle à manger. Sa joie atteignit son paroxysme quand elle distingua une silhouette ramassée enroulée dans une large cape en laine marron face à la casserole de soupe. Des cheveux argent soigneusement coiffés habillaient les épaules menues de la vielle femme.

-Maman !

La silhouette se retourna. Le visage ridé mais chaleureux de la génitrice de la fratrie se dévoila aux yeux de la mercenaire. Une main rachitique vint caresser la joue de Sergueï. Elle se lova contre cette paume irradiant d’amour maternel.

-Comme tu as grandi, mon Seryoga. Tu es sublime.

L’enfant le plus jeune de la fratrie ferma les yeux de bonheur et continua de sourire. Le bruit d’une canne fit tourner la tête à Sergueï. Son frère se tenait là, aussi bien habillé que le second enfant d’Elena Zinovievna, leur mère.

-Passons vite à table !

L’enthousiasme de Sergueï se poursuivit pendant le repas. Avalant goulûment la soupe. Se brûlant la bouche et suscitant quelques reproches de sa mère. Elle dévora tout aussi avidement sa part de gâteau.

Après le repas, Sergueï avait désiré faire visiter les lieux à sa mère, Isaac était resté pour débarrasser. Dans la minuscule salle à manger, il entendait sa sœur présenter joyeusement sa chambre à leur mère. Un sourire amer sur le visage, il emballa la troisième part de gâteau, versa le troisième bol de soupe dans la marmite. Il prit un moment pour s’adosser un instant sur l’évier, le regard pensif qui relatait les évènements de ce repas en famille, notamment ce que Sergueï avait raconté. Il jeta un regard à l’heure, il n’allait pas tarder à devoir rejoindre le premier fils de leur père, Piotr ainsi que sa fille, pour leur apporter leurs parts.

Avant ça, il attrapa sa canne et boita jusqu’à la chambre de Sergueï, il poussa lentement la porte d’une main molle. Il découvrit sa sœur en tailleurs sur son lit qui parlait joyeusement en regardant un vieux tabouret en bois, vide. Il n’y avait que sa sœur dans la chambre, pourtant, elle continuait de discuter. Il jeta un regard aux cachets pâles disposés sur un meuble poussiéreux. Il bifurqua sur le tabouret où Sergueï voyait leur mère. Leur défunte mère.

Le repas qu;e Sergueï avait pris pour une confection de leur génitrice avait été apporté plus tôt par Piotr et Inna, Piotr avait préféré ne pas rester pour l’évènement, conscient de l’animosité de Sergueï envers lui. La bassine d’eau chaude, elle, était du fait d’Isaac. Quant à cette présence qui avait évité à Sergueï d’être couverte d’excrément, l’aîné avait remarqué que la bourse attachée à la ceinture de sa sœur avait disparu.

Isaac finit par reporter ses yeux sur sa sœur.

-J’espère que maman sera là l’année prochaine aussi.

Sergueï se tourna vers lui, un sourire radieux sur le visage.

-Joyeux anniversaire, Seryoga.
Jaune
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Date d'inscription : 22/01/2019
Jaune
Dim 24 Mar - 17:55
Personnage et Univers:


Sous la Ville serpente un dédale gargantuesque dont les entrailles font miroiter monts et merveilles aux âmes vaillantes qui osent l’explorer et en braver les dangers. Véritable labyrinthe se métamorphosant en permanence, les trésors y sont théoriquement infinis - tout comme les formes de vie si particulières composant la faune et la flore de l’Esquisse : les Objets. C’est en quête de ces derniers, plutôt que de gloire et de richesses, qu’un scientifique n’ayant plus toute sa tête s’aventure régulièrement, seul, dans cette structure dont l’existence tient du donjon de Fantasy.

Il rêve d’y trouver des Objets langagiers : des lettres étrangement vivantes ou tout autre être plus conceptuel que les livres de la Bibliothèque - d’aucuns étant pourvus de conscience. Pourtant, cette fois encore, cette expédition s’avère peu fructueuse puisque les murs de barbe à papa finissent par laisser place à des rayonnages remplis d’ouvrages, comme on en trouve à la surface, fatale distraction pour le scientifique. Celui-ci attrape un tome au hasard qu’il commence à lire, toute son attention se focalisant sur les mots, sur un vocabulaire dont l’usage lui déplaît.

Au milieu de ses pages, il découvre un écrit dont il avait oublié l’existence, l’Esquisse jouant, il est vrai, des tours avec la mémoire de ses habitants.

Les mystères se succèdent au sein de l’Esquisse : notre compréhension des phénomènes y existant n’est encore que balbutiante sur de nombreux points. La plupart des travaux délaissent les études d’ordre sociologique ou psychologique au profit de théories sur les mécanismes physiques et naturels qui régissent notre monde. Notre récent papier suggère qu’il s’agit-là d’une erreur fondamentale dans notre démarche méthodologique jusqu’à présent. En effet, l’analyse croisée des recherches récentes dans diverses disciplines met en évidence le caractère faillible du Dessinateur - scientifique ou non. Cette défaillance de la pensée est non seulement systémique, mais gagne en importance avec les jours passés au sein de l’Esquisse. Elle conduit à un désintérêt généralisé pour l’Esquisse et ses mystères, et peut mener à la folie pure - il s’agit donc d’un risque auquel est soumis tout chercheur. Nous l’appelons Champ d’Intrigue Abrutissant (CIA), et avons prouvé qu’elle est véhiculée par des conversations. À travers ce résumé de vulgarisation, nous lançons un appel qui, nous l’espérons, saura rendre tout un chacun conscient des dangers bien réels qui animent les discussions dans l’Esquisse.

Il est de notoriété publique que le citoyen lambda accepte l’absurde régnant en Esquisse à une vitesse folle, se détournant de toute démarche de compréhension des mystères qui l’entoure. Les scientifiques sont rares, et plus rares encore sont ceux qui, présentés à une situation problématique, vont chercher à élucider celle-ci plutôt que de l’attribuer à un concept peu fondé de ‘nature de l’Esquisse’1. De même, les mémoires publiés par quelques scientifiques mettent en évidence un point tournant dans leurs travaux à partir duquel ceux-ci se focalisent sur un champ très restreint de connaissances, avec un faible potentiel d’augmentation du niveau de vie des habitants, et devenant envahissant au point de détourner de tout autre travaux2. Ces éléments conduisent au mythe populaire du savant fou - et à leur abondance générale dans la Ville3. L’ensemble de ces observations étaient jusqu’alors inexpliquées.

Si les changements flagrants qui occurrent tant sur la mémoire que le physique des entités habitant l’Esquisse sont bien documentés4,5,6, les travaux plus récents suggèrent que l’Esquisse peut aller au delà de la réécriture mémorielle, vers une modification en profondeur du comportement à travers le temps7.  L’un des vecteurs principaux d’influence de l’Esquisse sur l’esprit de ses habitants est le phénomène de traductibilité automatique des langues qui permet à chacun de comprendre son prochain sans perte d’information - mais pouvant, à la place, causer des surcharges ainsi que l’émergence de bruit informationnel8. Des travaux conjoints récemment publiés suggèrent que ces surcharges sensorielles, si elles sont transparentes et difficilement perceptibles lors d’une conversation, peuvent être à l’origine de tels troubles comportementaux9. Des expériences ultérieures détaillées dans un papier publié séparément de cette missive destinée au grand public montrent que l’abrutissement systémique des Dessinateurs à travers le temps est corrélé positivement à ces variations entropiques, et dont au fait de côtoyer d’autres habitants de l’Esquisse10.

Ce champ d’intrigue abrutissant restreint effectivement les communications - les transformant en une action loin d’être anodine - et prouve qu’elles peuvent être le vecteur d’un infohazard. L’observation empirique suffit à montrer que celui-ci affecte l’ensemble de la population, mais qu’il n’est pas seulement naturel mais également entretenu. En effet, nos esprits les plus brillants sont tous affectés avant de faire ce qui semblent être des découvertes majeures, et finissent en conséquence dans des séries d’expériences sans queue ni tête n’ayant qu’un lien très ténu avec leurs précédents travaux. À travers ce texte, nous recommandons donc vivement à toute personne venant à être en sa possession de se documenter, et de prendre les dispositions nécessaires : tenter de comprendre les mécanismes en jeux, les personnes les manipulant dans l’ombre, et faire attention à ses communications plus qu’il n’est possible de le faire en tant que scientifique.

Étant donné l’importance capitale de ce texte, il a été injecté par hybridation à travers les pages survenant naturellement lors de la naissance de nouveaux Objets livresques11, et peut donc se retrouver mélangé à n’importe quelle autre publication strictement Objet en nature. Pour s’assurer de sa validité, le lecteur est invité à suivre les protocoles en vigueur12, ce dérangement momentané permettant néanmoins d’assurer la pérennité des informations présentées ici quand bien même tous les exemplaires viendraient à être détruits.

Wittgenstein


Bibliographie :
[1] : Lacassagne. L’absurde : réponse ‘passe-partout’ des citoyens face aux crimes dans l’Esquisse
[2] : Joyce. Emergence de thèmes récurrents par analyse  textométrique des biographies et mémoires de scientifiques
[3] : Henning. Tentatives de classification des scientifiques et de leurs travaux
[4] : Gray. Tempêtes et apparences physiques : vers de nouveaux corps, en en payant le prix
[5] : Ebbinghaus. Oubli généralisé de l'existence de la Terre chez les scientifiques : un mécanisme esquisséen systémique ?
[6] : Lawrence. Acceptation d’un Objet profondément modifié par l’Esquisse  au sein d’un troupeau d’aspirateurs sauvages
[7] : Kanner. Troubles psychologiques dans l’Esquisse : modifications comportementales majeures sans éléments déclencheurs perceptibles
[8] : Russel et Wittgenstein. Variations de l’entropie informationnelle au cours de la traduction automatique des langues par l’Esquisse et bruits associés
[9] : Kanner et Wittgenstein. Hypersensibilité aux variations infinitésimales de l’entropie sensorielle dans les mécanismes de traductibilité : description clinique
[10] : Wittgenstein. Mise en évidence d’un Champ d’Intrigue Abrutissant dans la structure du langage
[11] : Campbell. Hybridation contrôlée dans le cadre des mécanismes de naissance d’Objets en partie textuels
[12] : Foskett. Méthodes de distinctions des textes produits par l’Esquisse et produits par des Dessinateurs à des fins de classification dans les librairies et bibliothèques

Quelques instants de réflexion sur le texte lui suffisent pour qu’il se remémore l’avoir écrit, bien que ce ne soit désormais plus cela qui le préoccupe mais le vocabulaire qui y est employé. Il travaille désormais  sur une réécriture complète du langage utilisé dans l’Esquisse, de manière à inventer de nouveaux mots, et donner des sens plus appropriés à ceux déjà existants, ce qui est d’importance plus capitale que cette étude : utiliser les mots justes est crucial dans tout processus de réflexion avancé. Il ne peut donc s’empêcher de maugréer sur ses écrits passés, et tous les défauts qu’il y retrouve - d’autant plus qu’il a un mot tout prêt pour cela.

« - Quelle ignofamie ! Me voilà même obligé de réectrifier mes propres écrits. »

Désormais, Wittgenstein se dévoue corps et âmes à la Révocabulation, ce processus par lequel il compte remanier et corriger l’ensemble de la langue mais aussi de ce qui est déjà écrits, repassant derrière les travaux de tous les autres. Ses recherches sur l’entropie sont depuis longtemps révolues, et il doit admettre qu’elles ne l’intéressent plus devant l’urgence d’un meilleur dictionnaire et d’une éducation correcte - l’école n’existant pas dans l’Esquisse.

Tout naturellement, il se met à réécrire intégralement sa missie alors qu’il remonte vers la surface, gardant le livre en otage. Ce faisant, il songe à tous les progrès qu’il a fait depuis cette période révolue où il s'éparpillait dans des considérations futiles. Il est devenu célèbre, et malgré un manque d’acceptation, certains de ses mots sont employés couramment comme celui désignant spécifiquement les scientifiques qui étudient l’Esquisse : les cyantifiques. On croit même qu’il est devenu fou dans le processus, comme le suggèrent la plupart des chuchotements sur son passage.

Tant mieux.


Dernière édition par Jaune le Dim 24 Mar - 18:28, édité 1 fois
Anonymous
Sigmund Nitzsch
Invité
Dim 24 Mar - 18:15


Note:

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Le virtuel, c'était quoi ? C'était le monde réel, en plus vache.
Si le jeune Allemand était une crème en face de ses camarades d'école, il ne faisait toutefois pas exception à cette règle. Tu pouvais être le plus ouvert des internautes, personne ne te connaissait et ne pouvait affirmer quoi que ce soit sur toi.
Si bien que Sigmund, lui, dévoilait bien plus le fond de sa personne sur le Witchnet qu'IRL. Même sa plus proche amie n'avait encore jamais eu d'interaction avec le « 9S » qui surfait ici et là. Elle n'avait pas besoin de le connaître. Personne, à Ilukaan ou ailleurs dans le monde réel, n'avait besoin de connaître l'existence d'un autre Sigmund beaucoup plus condescendant et gratuitement critique qui résidait sur cette plate-forme qu'était l'Internet sorcier.

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Des pseudos enregistrés dans la liste de contacts à ne plus savoir quoi en faire. Sigmund connaissait clairement plus de gens dont il ignorait le vrai nom et le visage que de personnes à qui il avait déjà parlé en face à face.

D'habitude, il profitait de ce monde fait de pixels sur son propre ordinateur. Mais aujourd'hui, des facteurs tels que « trop de monde dans le coin », ainsi que « besoin d'un peu d'espace et d'intimité », ont eu raison de lui jusqu'à l'amener dans un cyber-café de la ville. Il y avait comme un petit côté « open space top secret » dans ces trucs-là. Chacun pouvait ici réserver une machine durant autant d'heures que l'argent de poche pouvait le permettre, sans que quiconque n'ose vous déranger ou vous questionner sur ce que vous faites à l'intérieur.
Mais n'était-ce pas là également la face un peu étrange de cet établissement ?

Enfermé et scotché devant l'ordinateur qu'il avait choisi, Sigmund entendait régulièrement les claviers de ses voisins se faire martyrisé par les doigts de ces derniers. Au début, il n'y prêtait pas beaucoup d'attention, mais le naturel curieux et observateur de l'Allemand s'était soudainement mit à cogiter en remarquant un détail troublant : c'est moi, ou les bruits s'accordent avec les messages de la chatroom ?

Ses yeux bleus fixèrent alors plus attentivement les « salut », « lol », « j're » et autres « afk » qui défilaient régulièrement sur l'écran. Chaque personne étant séparée des autres avec son petit coin, impossible de savoir qui faisait quoi ; et généralement, tout le monde s'en fichait. On menait sa vie virtuelle comme on voulait, et basta. Si ça se trouve, la cabine de droite abritait un expert comptable et celle d'en face, un fan de Quidditch désireux de regarder un streaming en paix...
Oui, enfin, Sigmund était bien là pour 153, lui.

Il glissa le regard vers l'ébauche de petit robot, qui ressemblait depuis un moment déjà à une ferraille sans forme distincte, loin de l'image qu'on se fait des bots capables de flotter dans les airs (et c'était dans sa liste de tâches !). Ce projet-là, c'est la quintessence de son jardin secret. Un truc qu'il ne partageait avec personne (hormis peut-être un nerd ou deux de sa trempe...) et que lui-même trouvait si improbable à réaliser qu'il ne résistait pas à l'envie d'essayer quand même.

Une dizaine de cliquetis de clavier résonna sur le côté gauche de la cabine, et juste lorsque celle-ci cessa, un nouveau message s'imbriqua avec les autres sur la boîte de dialogues.
Sigmund paniqua légèrement.
Personne ne savait exactement qui était 9S. Hormis que c'était un homme (et non pas forcément un jeune garçon). Mais la probabilité qu'il soit en train de correspondre avec les mêmes personnes que dans le cyber-café se renforçait à tel point que s'il sortait sans faire attention, on découvrirait alors qui il est.
On verrait ce qu'il y avait dans sa cabine. On verrait 153 ! Son petit secret qu'il n'avait sorti de l'école qu'une seule fois dans sa courte vie d'étudiant, et c'était aujourd'hui !
Alors que son pseudonyme coulait dans la rangée « AFK », Sigmund tapa rapidement quelque chose, histoire de se remettre dans le bain et de n'apporter les soupçons à personne. Juste un autre lui répondit :

« giaNt: haha »

- Ha ha.

Son oreille gauche se tendit comme jamais, interpellée par le doux rire qui venait de s'échapper de la cabine d'à côté. Ça n'était pas un hasard, c'est sûr. C'était la loi de toute chose logique, après tout, non ? Plus d'une coïncidence révélerait alors une cohérence. Le voisin-là était connecté sur la même chatroom que lui, il n'y avait plus de doute.
Dans une cabine un peu plus loin, on entendit un éternuement. Et moins d'une minute après, on posta alors dans la suite de messages :

« exepeople: déso jme mouchais »

Sigmund recula un peu sur son siège.
Plutôt qu'un complot visant à piéger le jeune sorcier, il pouvait s'agir là d'un horrible coup du destin qui voulait confronter le nerd au reste du monde avec ses secrets. Mais il ne devait pas paniquer : c'était ce qu'ils voulaient tous, après tout ! Tomber si bêtement dans ce piège tendu qui consistait à prouver que Sigmund était 9S était certainement l'ultime chose qu'ils attendaient de sa part. Mais il était plus malin que ça, il savait encore se maîtriser et réfléchir posément avant d'agir. Ses doigts, à la limite de la tremblote, frôlèrent les touches du clavier qu'il tapa avec le plus de calme possible.

« ninthrobot: dites les gars, levez la main, pour voir »

Aussitôt, mais avec une lenteur qu'on ne soupçonnerait pas, l'Allemand se hissa de sa chaise et observa les gestes à peine visibles au-dessus des cabines. Personne ne leva sa main. Un débutant s'imaginerait qu'il n'y a donc aucun lien entre ces gens-là et les clients d'ici. Mais Sigmund n'est pas un débutant. Ils faisaient comme s'ils n'étaient pas ici, voilà tout. C'était quand même trop évident, comme question. La prise de risque pour ces witchnautes aurait été stupide ! Suite à cette requête qui n'avait aucun sens, beaucoup répondirent qu'ils l'avaient fait et demandaient ensuite pourquoi. Il ne savait pas quoi ajouter.

Sigmund regarda l'ébauche de 153. Il valait mieux partir.
En tapant régulièrement des bêtises sur d'autres onglets, le sorcier simula une activité alors qu'il rangeait progressivement le « robot » dans son sac. Tout ce qu'il voulait, c'était avancer un peu ce projet solitaire en l'amenant dans un lieu adéquat à la recherche. Mais non, on lui révélait que jamais il ne pourra faire ça sans être prudent.
Il ne voulait pas qu'on se moque de lui, que ça soit à propos de « 9S » ou de 153.
Il n'était pas menteur, mais préférait largement séparer vie IRL comme URL. La prochaine fois, il ira au cyber-café « seul », tant pis.

Au fur et à mesure qu'il rangeait, il eut l'impression d'être observé. Voire même, écouté très attentivement. Comme si même le bruit de sa respiration constituait un indice pour les espions. Sa conscience anormalement paranoïaque lui susurra de faire le moins de bruit possible, comme si en fait, sa propre cabine était vide.
Le tout remballé, Sigmund se redressa en réalisant avec horreur qu'il ne pouvait quitter la cabine après s'être déconnecté. Évidemment, autrement, il se jetterait plus tôt dans le piège !
Il enfila donc la bandoulière de son sac et tapa quelque chose sur le clavier avec un rythme lent, cherchant à mentir sur ses intentions et ne voulant en aucun cas prouver au monde réel qu'il allait s'en aller. Pour écarter la possibilité qu'il quitte l'ordinateur, « 9S » envoya donc un pavé de mots sur la chatroom, laissant croire qu'il ouvre le dialogue sur un sujet long et complexe à décortiquer. Il va falloir qu'il se connecte rapidement avec son téléphone pour nettoyer le peu de soupçons qu'il laissera derrière lui.

À peine les lignes envoyées, Sigmund éteignit l'ordinateur avec un maximum de discrétion et quitta la cabine en vérifiant trois fois chaque angle depuis lesquels on pouvait l'apercevoir.
À petits pas sereins, mais la tête pleine de doutes et de stress, l'Allemand quitta le cyber-café.

Aujourd'hui encore, ninthrobot était un type inconnu dont on ne savait rien.
Anonymous
Chris [JM]
Invité
Dim 24 Mar - 18:33


CHRIS J. ATTACKS

Le forum (Just Married): Bienvenue à Tinderland 5.0. Face à l'isolement social et frôlant l'effondrement démographique, le gouvernement japonais lance le programme de matching le plus sophistiqué jamais financé par de l'argent public. Le seul hic c'est la dictature des moeurs allant avec et la très réelle possibilité d'être mis à mort si on ne respecte pas les règles de la machine à fabriquer des couples et pondre des chiards.

Le perso : Chris est anglais, il a 29 ans et est un désastre d'être humain quand il n'est pas derrière des platines ou en train de faire son taf d'ingé son.
Il s'est retrouvé coincé au Japon à cause d'un accident de la route. Résultat des courses, le voilà pucé, tatoué et (presque) vacciné. Les seules choses précieuses dans sa vie sont la musique et son petit-frère, Matthew (18 ans).
Chris est un junky littéral et figuré, dopé à la musique et éreinté par la vie, toujours enclin à duper la réalité à coup d'alcool, de coke ou de corps. Il élève la haine de soi au rang d'art contemporain et l'amour qu'il voue à son petit frère ferait pâlir les plus pieux adorateurs. Pour tout le reste, il y a sa sale humeur et ses sourires Colgate (et sa MasterCa- /out).
extrapolation
Pour se mettre dans l'ambiance : Missio - everybody gets high

Y’a un truc qui cloche ce soir. Un truc qui cloche sur lequel t’arrives pas à mettre le doigt mais qui te pourrit depuis ce matin.

Ça a commencé par des trucs presque insignifiants, aperçus du coin de l’œil.

Une ombre masquée qui te salue de la main sur le trottoir d’en face. Des lycéens couverts de sang, dépassant une troupe de miliciens et ces derniers ne cillant pas. Des chats à deux queues au lieu d’une, t’aurais pu le jurer. Des chiens grognant et aboyant en passant devant une zone plus que banale. Tous, sans exception. Des hologrammes publicitaires qui se jettent sur les passants, les traversant en débitant leur discours marketing, quand ces trucs-là ne sont pas censés sortir de leur périmètre. Et des glitchs à tout va dans leur apparence.

Tokyo a toujours été une ville bizarre mais là ça dépasse des sommets.

T’en parles avec Bacon en début de soirée, entre deux bières et deux rails de poudreuse.

« Y’a un truc qui sent le foin dans les rues, Big B, c’est pas normal. »
« Parait que c’est la pleine lune. »
« Ouais, et c’est la pleine lune qui fait pousser les chicots des grands-mères peut-être ? »


Il hausse un sourcil peu impressionné au-dessus de son regard doux. Tu lui racontes ton aventure de la terrasse, avant de venir chez lui.

Tu prenais un whisky, triple, te disant que ça aiderait à chasser ta gueule de bois, la fatigue et cette nervosité qui te faisait taper du pied sans cesse contre le sol. Tu t’es même pris un para discrètement, le chassant avec une gorgé d’ambre brûlant. Clope au bec et lunette de soleil sur le nez, tu profitais du soleil de l’après-midi, la chimie faisant son taf. L’engourdissement familier est arrivé. Au bout de tes doigts d’abord, jusqu’à ton torse, avant de venir envelopper tes tempes, agréable et insouciant.
Un couple d’anciens s’est installé à la table d’à côté. En s’asseyant, la grand-mère a fait tomber sa belle écharpe en soie. Blanche et bleu foncé, arborant des grues en plein vol. T’es peut-être un connard mais l’alcool t’adoucit, donc tu t’es penché pour la ramasser. Histoire qu’elle se pète pas les lombaires avec un faux mouvement. Ils sont résistants ces japonais, mais faut pas pousser mémé dans les chaises de bar.
« Tenez. »
Elle t’a souri, mamie. Elle t’a souri et ton sang s’est glacé, car ses yeux étaient blancs et ses dents acérées. Deux crocs saillants lui retroussaient la lèvre supérieure.
« Oh merci. »
T’as pas osé répondre. L’engourdissement dans tes veines s’est mué en quelque chose de pressant, d’urgent. Casse-toi d’ici. Donc tu l’as fait, débarquant chez Bacon.

« T’es con, tout le monde sait que les grands-mères c’est pas des crocs qu’elles ont. C’est des serres. »

Alors que vous terminez de vous saper pour sortir, tu te demandes si c’était le meilleur choix de compagnie pour la soirée.

*

Le club du Womb est blindé.
Tu perds Bacon une heure après votre arrivée, déjà trop perché pour faire attention à quoi que ce soit. Un miracle que tu sois rentré, merci les plans culs avec les videurs.
Tu te mêles aux corps dansants, aux lèvres t’offrant une gorgée d’extase, aux hanches, le temps s’étirant et se perdant dans la pulsation régulière des basses sous ta peau.
Dans l’obscurité, une danseuse te colle plus que les autres et t’attire dans un coin plus tranquille. C’est plaisant, chaud, jusqu’à ce qu’un changement de lumière la révèle un peu plus. La moitié de son visage semble arrachée et sa langue est fendue en deux -c’était donc ça cette sensation bizarre mais pas désagré-

« Je vais te bouffer. »

Et tu la crois sur parole. Donc tu fais ce que tout être humain censé ferait à ta place.
Tu déguerpis, fissa.
Tu envisages de retourner te perdre dans la foule mais la danse de masques, d’aiguilles et de coulures vertes que tu y vois te fais tourner les talons.
Dans les chiottes des mecs, tu te passes un peu d’eau sur la gueule. Un type te demande si ça va et non putain, non. T’essaies de lui expliquer pourquoi mais tu sens que rien n’accroche derrière ses pupilles aussi dilatées que les tiennes. Ça donne à peu près ça.

Spoiler:

T’as besoin d’air.

*

Sur le trottoir, tu vois un couple.
La jeune femme a la tête dans le creux de la gorge de l’homme. Quand tu fais claquer la pierre de ton briquet, elle lève les yeux vers toi et toi vers elle.
Elle a le bas du visage en sang. Pas comme quelqu’un qui vient de saigner du nez. Plutôt comme quelqu’un qui vient de bouffer un morceau de viande crue. Tu trouves soudainement le mec contre elle bien pâle.
On se souviendra de ton héroïsme, l’abandonnant à son sort pendant que tu filais dans la direction opposée à toute berzingue. Tu arrêtes un taxi. Un monstre en bandages décomposé est assis derrière le volant.
Finalement, rentrer à pied et en courant ça fait faire du sport.
*

Matthew. Faut que tu préviennes Matthew.
Tu sors ton téléphone, le fais tomber dans ta précipitation. Merde. Okay, tu l’as, inspire, expire. La bataille s’engage avec l’écran tactile et ta main un peu tremblante.
Ça sonne. Ça sonne et ça ne décroche pas, alors tu insistes, arrivant à ton appart. Tu rappelles une seconde fois, puis une troisième. Alors que tu envisages sérieusement d’aller le réveiller en personne, la tonalité s’interrompt et la voix endormie de Matthew croasse.

« Chris ? Qu’est-ce qui se passe ? »

Putain Matthew, si tu savais.

« Hey, je te dérange pas ? »

Un silence.

« Chris, il est 5h du mat. »

Fair enough.

« Non mais écoute, c’est important Matthew, je te jure. » Putain, comment lui expliquer ? « Fais ton sac, on se casse. Faut qu’on se tire de ce pays. »
« Quoi ? »
« Il se passe des trucs pas nets dehors. J’ai vu une nana égorger un mec et boire son sang, et y’avait un gang de tarés qui se baladaient dans le club où j’étais, avec des seringues, et ils sautaient sur n’importe qui pour les forcer à ouvrir la bouche et piquer des langues, c’était- Genre, un liquide vert et brillant ? Et tout le monde s’en fout. Elle avait plus de visage, Matt, je te jure- »
« Chris- »
« Y’a des espères de zombies qui se baladent dans la foule et personne les voit. Personne putain, alors qu’ils sont en plein milieu ! J’ai vu des gosses dans une rue, avec des visages même plus humain, le temps de cligner des yeux et ils disparaissent. Et cette mamie, Matthew, cette putain de petite mamie, je te jure que c’est vr- »
« Chris, ferme-la deux secondes. »


Ça te stoppe net dans ton monologue névrosé.

« Quel jour on est ? »
« J’en sais rien et on s’en branle merde, faut- »
« Quel foutu jour, Chris ? »


Tu fronces les sourcils, ouvrant la bouche pour répondre que t’en sais foutrement rien et que t’es pas un putain de Google Home mais tu la refermes, considérant la question et ne considérant pas une seconde regarder l’écran de ton tel.
Ils sont en septembre, ou un truc du genre non ?

« Je sais pas, Big B a parlé de pleine lune... L’équinoxe d’automne ? On en est automne ? »

Y’a un soupir de l’autre côté du téléphone et Matthew a l’air tellement peu inquiété par tout ce que tu lui as dit que, un instant, tu te demandes s’il n’est pas déjà au courant. S’il n’a pas toujours su et qu’il s’en fout, ou qu’il ne t’a rien dit. Ou pire. Que lui aussi-

« On est le 31 octobre, abruti. Le premier novembre même, vu l’heure. »

Un silence. T’essaies de comprendre pourquoi ça importe autant, mais y’a rien qui parvient à traverser le coton brumeux qui t’englue la gueule et les neurones.

« Qu’est-ce que ça peut me foutre qu’on soit mardi ou whocaresfriday ? Je te dis que Tokyo pullule de monstres et qu’ils butent des gens et que la milice laisse faire sans broncher. »

Matthew répète, détachant chaque syllabe.

« On-est-le-3-1-oc-to-bre. »
« Qu- »


Et ça fait tilt. Ah le con.
La tension et l’agitation s’évaporent aussi sec. Tout glisse. L’angoisse, la peur, la panique fumeuse, et ça te laisse vide et fatigué. Si fatigué. Tu te laisses tomber sur ton canapé, la honte et le soulagement faisant place nette dans ta carcasse.

« Oh. »
« Ouais, oh. Va dormir Chris, je te promets que les monstres auront disparus demain quand tu seras sobre et qu’Halloween sera passé. » Une pause le temps d’un bâillement. « On dîne toujours ensemble jeudi ? »
« Ouais, bien sûr ouais. »
« Okay, à jeudi. ‘nuit, love you. »
« Love you. »


Matthew raccroche. Tu restes là, sur le cul maintenant que l’apocalypse semble reportée à plus tard.
Ton tel vibre.

« si tu m’appelles au milieu de la nuit à Noël pour faire chier car un gros homme rouge cambrioleur passe par les cheminées pour espionner les familles et voler leurs cookies je t’en colle une »



1560 mots




Mais qu’était-ce donc :
Les chats à deux queues étaient des animaux de compagnie déguisés en Suuhi Nekomata, yokai japonais.
Les hologrammes « glitchés » l’ont été spécifiquement pour les campagnes de pub de la période (jump scare des passants et glitch des apparences pour faire peur, tout ça) donc rien d’anormal là aussi.
Le liquide vert fluo était tout bêtement un cocktail spécial pour l’occasion.


Anonymous
Edel Aubier [MP]
Invité
Dim 24 Mar - 19:46

Présentation du personnage:

Tout commença suite à une remarque en apparence anodine de mon agente, Élise, qui surgit dans ma chambre un jabot à la main alors que j'étais en train d'essayer des costumes pour la réception du soir.

Pourquoi vous ne mettriez pas celui-ci ? Puisque vous aimez le violet !

Anodine, anodine – tout peut sembler anodin, et c'est bien le problème, puisque c'est justement sous ce qui ne se remarque pas que se cachent les signes. Je tendis la main, prêt à me saisir du tissu coloré et à lui répliquer de ne plus entrer sans frapper... quand je me figeai subitement. Violet. Comment savait-elle que j'affectionnais particulièrement cette couleur ? Et surtout, pourquoi une telle constatation survenait-elle précisément maintenant ? En cet instant, la première chose à laquelle l'idée de violet me faisait penser n'était autre que les cheveux d'Helena. Helena, qui était sortie de son silence de plusieurs semaines aujourd'hui et m'avait rendu une petite visite : cela faisait une heure qu'elle m'avait quitté, et il devait encore y avoir quelques-uns de ses cheveux sur mon lit. Nous menions une relation, mais je la savais sbire Magma et j'avais de bonnes raisons de penser qu'elle soupçonnait le lien que j'avais moi-même eu avec les Galaxie, même si j'avais mis tout cela derrière moi depuis de longues années. À présent, et pour diverses raisons, je souhaitais me séparer d'elle, mais c'était délicat : si elle possédait effectivement des informations sensibles sur moi, qu'elle pouvait prouver, elle constituait un danger... J'avais l'impression que nous jouions une partie d'échecs, elle et moi ; et force m'était d'admettre que, cet après-midi, c'était moi qui avais cédé.

...Edel, tout va bien ?
...Pourriez-vous répéter ce que vous venez de dire, Miss ?
...Je venais juste vous proposer ce jabot, puisque c'est votre couleur... Vous avez perdu vos deux oreilles ?

Mais je ne relevai pas la pique : toute ma gaieté habituelle s'était évanouie, remplacée par un doute qui allait croissant, puisant dans le terreau de la méfiance qui ne me quittait jamais. La porte... Comment était-elle entrée ? N'avais-je pas fermé ma porte à clé, comme à mon habitude, moi qui verrouillais tout, même mes fenêtres ? Mais non : j'étais sorti plusieurs fois, y compris pour l'informer de ce que je faisais, j'avais dû laisser la porte ouverte par négligence. Bon sang ! Comment pouvais-je omettre une mesure de sécurité aussi rudimentaire ? Mais je m'inquiétais pour rien... Élise était un peu trop vive, mais elle était jeune et gentille : je ne l'aurais jamais imaginée comploter quoi que ce soit contre moi.

Et pourtant. Ce violet... J'avais pris le tissu et le regardais sans le voir : quelque chose me restait en tête. Cette couleur. Ne la voyais-je pas partout, ces temps-ci ? C'était, bien sûr, celle de ma chemise préférée, et j'avais fait mettre des coussins et un fauteuil de la même teinte dans ma chambre. Mais il y avait aussi Hélène, ma vieille amie, dont j'avais récemment découvert que la peau s'était colorée de violet suite à un empoisonnement énigmatique ; c'était justement en sa compagnie que je devais aller à la réception. Et maintenant, Helena. Helena, Hélène... Cheveux violets, peau violette... Pourquoi cela ne m'avait-il pas frappé plus tôt ? Il était invraisemblable qu'une telle coïncidence se soit produite d'elle-même. Et mon agente qui soulignait que j'aimais le violet alors que nul n'était censé connaître mes relations avec Helena ! Étais-je manipulé... depuis le début...? Le cœur battant, je tendis mon bras derrière moi, invitant mon Kecleon, toujours à proximité, à se rendre invisible et à me grimper sur l'épaule comme il le faisait dans les situations périlleuses. Mais je ne devais pas montrer que je me doutais de quoi que ce soit. Je m'efforçai de me rappeler si j'aimais déjà autant le violet avant le jour où le Kadabra, envoyé par mes ex-collègues sbires en représailles pour les avoir quittés, m'avait trituré le cerveau. Se pouvait-il qu'il eût modifié mon sens de la réalité de façon avantageuse pour eux sans que Tokopiyon, lorsqu'elle m'avait soigné, ne s'en soit aperçue ? Le violet était-il donc un code pour me tenir sous leur emprise ? Qui d'autre était dans le coup ? Mais non, je ne pouvais imaginer qu'Hélène m'eût trahi. C'était moi qui lui avais proposé de nous revoir, après sa nomination comme championne de la Ligue. Pourtant... Son changement de couleur, n'était-ce pas suspect ? Je voulais bien croire qu'elle avait rencontré une créature d'ailleurs, mais y avait-il des antécédents à de pareils symptômes ?

Et soudain, une énorme forme violette se matérialisa devant moi : je bondis en arrière... et j'écarquillai les yeux. Tout devenait clair.

Toi aussi, Moustache ! m'écriai-je face à mon Avaltout – Avaltout qui m'avait justement conduit à rencontrer Hélène.

Et je m'élançai en courant hors de ma chambre, sans écouter la voix d'Élise qui me criait de revenir me préparer pour la soirée.

Je dévalai couloirs et escaliers aussi vite que possible, mon fidèle Coudlangue avec moi, indifférent aux têtes qui se tournaient sur notre passage, changeant plusieurs fois de trajectoire afin de perdre Élise si elle avait décidé de me suivre. Lorsque je considérai que je m'étais suffisamment éloigné, je ralentis l'allure et adoptai une démarche silencieuse afin de ne pas éveiller les soupçons si d'autres conspirateurs étaient dans les parages. Mes techniques de camouflage fonctionneraient difficilement dans ce QG où tout le monde me connaissait, mais l'immeuble était grand et je connaissais ses passages secrets. Que devais-je faire à présent ? Je me sentais cerné. Par Arceus, quel imbécile j'avais été d'imaginer que la célébrité me mettrait à l'abri du danger ! Si j'acceptais ce poste, avais-je pensé, plus personne ne pourrait me faire disparaître en escomptant que le crime passerait inaperçu ; et, quant à moi, la proximité avec le pouvoir me permettrait de jauger à tout instant où en était l'emprise des groupes criminels sur les grands de ce monde. Mais si cette emprise avait dépassé depuis longtemps ce que j'imaginais ? Je ne pouvais me fier à personne !

Je débouchai hors du QG par une porte de derrière et me remis à courir dans l'herbe. À personne sauf à mon meilleur ami, mais il n'était pas là... et Hélène ? Son image obsédante me revint en tête. Il était impossible qu'elle aussi fût contre moi... Et pourtant ! Se pouvait-il que l'on se fût servi d'elle pour m'appâter ? Était-elle une autre victime, comme moi ? Dire que c'était avec elle que je devais aller à la soirée ! Nous foncions droit dans un nid de Dardargnan... Je devais avoir le cœur net sur ses intentions et, si elle était avec moi, l'avertir du danger. Mais comment ? Je ne lui avais même jamais parlé de mon passé de sbire...

Je sortis mon téléphone ; j'avais malheureusement laissé le deuxième dans ma chambre. Celui-ci avait de grandes chances d'être sur écoute. Il fallait pourtant que je la prévienne pour ce soir...

« Coucou ma belle ! Je suis désolé, je dois annuler pour la soirée. Je t'en reparle plus tard. Guette de mes nouvelles, OK ? »

Alors que je cherchais un endroit où me cacher pour réfléchir à la suite, mon téléphone bipa : la réponse d'Hélène.

« T'es nul... Ça va être d'un ennui, sans toi ! Mais tant pis, mon p'tit Edel, tu louperas donc mon garde du corps... J'irai seule avec lui, j'espère qu'il saura me divertir autant que toi ! »

Le message était accompagné d'une photo : les longues jambes nues de mon amie, couvertes seulement en haut des cuisse d'une robe moulante qui laissait présager d'aussi belles choses pour qui voyait l'ensemble.

Je tremblai en la contemplant. Alors que je me demandais quoi faire, j'entendis soudain un bruit de galop. Je me retournai et... me retrouvai face-à-face avec une monture qui ruait tandis que des flammes me léchaient les bras.

Aah !
Du calme, du calme ! HA-HA ! Vous n'irez pas plus loin, Edel Aubier ! Vous avez un engagement pour ce soir !

C'était Élise, sur sa Galopa. Je les fixai une seconde avec terreur, stupéfait de ne pas l'avoir entendue arriver plutôt, mais je repris rapidement mes esprits : je savais comment la tester.

Miss ! décrétai-je d'un ton qui se voulait menaçant, si je demandais à mon Trepassable de s'infiltrer dans votre esprit et de me dire ce qu'il y trouve, vous y plieriez-vous ?

Mais à ma grande surprise, toute colère s'évanouit aussitôt du visage de mon agente pour être remplacé par... des yeux remplis d'étoiles.

Vous acceptez que je m'exerce à résister à Kerguelen ? Oh oui ! Quand commençons-nous ?

Et je demeurai hagard tandis qu'elle descendait en hâte de sa Galopa. J'avais eu tort... Je m'étais emballé pour rien. Cette fan d'occultisme était beaucoup trop folle pour qu'on pût raisonnablement l'imaginer prendre part à quelque véritable complot que ce soit.
Anonymous
Bel [FS]
Invité
Dim 24 Mar - 20:03


Détails:


Ils demeuraient assis devant l’horloge, jambes remontées contre la poitrine, les bras passés autour, et le menton appuyé sur les genoux. Leur corps lançait, de façon désagréable, engourdi d’avoir trop été immobile, et les yeux leur piquaient d’avoir trop longtemps fixé les aiguilles dans leur course sans fin autour du cadran. De lourdes boucles noires retombaient sur leur front, leurs joues, mais Ils ne s’embarrassaient plus de les chasser, las. Ils l’aimaient bien, cette horloge. Elle était vieille, mais un oiseau en sortait lorsque le soleil était bien haut, et Ils se faisaient soin d’être toujours devant pour le voir. Il était joli, cet oiseau. Ils se balançaient, lentement, en rythme, tout comme le faisait le pendule, qui incessamment continuait ses périodes, et chaque seconde paraissait alors être une heure.

Tic. Tic.

Il était tard. Il était trop tard, et s’Ils avaient regardé dehors, Ils y auraient vu combien il faisait sombre. Mais il avait dit qu’il rentrerait tôt, alors il devait encore l’être. Quelle heure c’était, « tôt », au juste ? Ils n’en avaient pas idée, alors Ils continuaient à se balancer pour tromper l’ennui. Il rentrerait vite. Il l’avait dit, alors il le ferait s’Ils parvenaient à attendre assez. Ils se mirent à chantonner à mi-voix, d’abord des mélodies gaies, des mélodies de printemps, puis des mélopées hivernales, et leur voix mourut peu à peu dans le silence écrasant de la pièce.

Tic. Tic.

Ils sentirent que le cœur leur brûlait, et deux grosses larmes dévalèrent le long de leur mâchoire. Ils les essuyèrent rageusement, dans la manche d’un pull qui n’était pas le leur, et dans lequel Ils leur semblaient flotter, reniflèrent, et serrèrent leurs lèvres tremblantes en une moue désabusée. A l’attente succéda la frustration. Sur le lit défait demeurait encore les fleurs fanées qui n’avaient pas su être assez patiente. Peut-être auraient-Ils dû les mettre dans l’eau, mais il était supposé rentrer tôt, alors Ils ne l’avaient pas fait. S’Ils ne tenaient pas jusqu’au bout, Ils se faneraient aussi, et cela leur faisait peur. L’oubli les guettait déjà, s’Ils subissaient en plus un pareil destin, Ils ne tiendraient guère longtemps ! Ils déplièrent peu à peu leurs jambes, savourèrent derrière un voile de larmes qui bordaient leurs cils sombres la piqure vive qui s’y répandit. Ils ne se levèrent pas, néanmoins. Le sol était froid, et dur, mais il les maintenait éveillé. Et alors, Ils décidèrent de cesser d’être aveugles.

Si leurs prunelles de glace et de sang restèrent rivées sur l’objet de leur fixation, leur mâchoire serrée attestait qu’Ils ne le voyaient plus. Et Dieu, qu’Ils en voyaient, des choses, des choses qu’Ils préféraient ignorer, des faits qui rongeaient le cœur qui battait au travers de leurs côtes suppliciées, des mots qui arrachaient le peu d’âme qu’il pouvait leur rester. N’avait-il pas eu cette ombre de sourire, au seuil de la porte, le matin même, ce creux charmant dans la joue qui s’excusait par avance ? Et sa voix, alors, si douce, si chaude à leurs oreilles, n’avait-elle pas paru davantage de miel encore qu’à l’accoutumée ? Il ne savait pas mentir. Ou du moins, si, il le savait, si bien, mais Eux, eux lisaient en lui comme dans l’eau claire du ruisseau dans lequel Ils allaient parfois faire de petits bateaux de papier. Les années pesaient dans la balance, et Bel connaissait le ton du mensonge, l’entendait usé et abusé avant même que Lys’, leur cher Lys’ ne fut encore né.

Tic.

Ils glissèrent les doigts dans leurs cheveux de jais, sanglotèrent en silence, mais jamais Ils ne cessèrent leur balancier. Il les apaisait. Le temps passait, continuait, tout n’était qu’éphémère. C’était ce que Père disait, éphémère, éphémère comme la haine, la souffrance, la mort et la vie. La passion, aussi. Mais cette douleur là grandissait avec les secondes qui s’égrenaient comme du sable, comme le sel qui se déversait sur la plaie ouverte de leur conscience exacerbée. Qu’Ils maudissaient, à cet instant, leur obsession des détails ! Ils défilaient, devant eux, pour eux, un à un. Les dernières fleurs, Lys’ les avait prises, mais son sourire n’avait-il pas été différent ? Et ce dessin, qu’Ils lui avaient fait, ne l’avait-il pas seulement effleuré du regard avant de le ranger ? A chaque geste faisait écho une peur, et cette peur convergeait sur le cadran. Il n’était pas tôt. Il ne pouvait pas être tôt, quand leurs yeux brûlaient de trop forcer dans le noir. Ils en vinrent à ronger avec soin l’ongle de leur pouce, se rappelèrent combien il avait horreur de ça, et continuèrent pour le plaisir puéril de lui faire peine. Après tout, n’avait-il pas déserté le lit, quelques jours auparavant, dans les mêmes circonstances ? Il était rentré avec du chocolat, et alors Ils avaient pardonné. Après tout, Lysandre avait raison, au fond, sans doute, et cela les faisait suffoquer, haïr et pleurer. Il la leur avait même assénée, un soir de dispute, cette phrase qui ressurgissait dans leur mémoire avec la violence d’un coup de fouet : « Tu es invivable. »  Là encore, Ils avaient pardonné, parce qu’il avait paru vraiment catastrophé par leur blancheur subite, et par la bulle qui se refermait sur eux. Oh, Ils n’avaient pas réussi à lui parler deux jours durant, mais c’était passé, comme tout, comme toujours.

Tic.

N’avait-il pas eu l’air absent, la veille, alors que tous deux gisaient au fond du lit, qu’Ils arpentaient sur l’ordinateur des sites loufoques ? Lys n’aimait pas la technologie, Bel l’aimait, mais Ils aimaient aussi Lys, alors Ils avaient lâché l’appareil pour appuyer leur joue contre l’épaule du plus jeune, et Ils l’avaient simplement scruté en silence jusqu’à s’endormir, à tracer, retracer un visage déjà connu par cœur. Si, Ils l’avaient ennuyé, Ils le voyaient, maintenant. Ce n’était pas ça, que faisaient les personnes « normales », un vendredi soir. Mais Ils n’étaient pas « normaux », et c’était sans doute cela, le problème. Devraient-Ils le devenir, alors ? Normaux ? Ils ne pensaient pas en être capables, mais Ils n’auraient pas non plus à s’en soucier si le retardataire ne revenait jamais. A trop se balancer, Ils basculèrent, mais ne trouvèrent plus la force de se redresser. Étendus sur le dos, incapables de voir s’écouler les heures, Ils décidèrent d’approximer le retour en claquant de la langue.

Clac. Clac ? Non, c’était trop rapide. Clac… Clac ? Oui, sans doute mieux, leur semblait-il.

Ils ne pleuraient plus, mais leur esprit était chagrin. Peut-être même que c’était pour ce retard, que Lys leur avait laissé son pull fétiche. Il y avait son parfum, dessus, et Ils enfouirent le nez dans le tissu soyeux. S’Ils fermaient assez fort les paupières, alors ce serait comme s’il était rentré. Ils ne parvinrent pas même à se bercer de cette illusion. Devant eux dansaient des gens vivables, des femelles -femmes, disaient les autres- qui possédaient des dessins qu’eux ne ressentaient guère. C’était leur faute. C’était sûrement leur faute, Ils ne faisaient jamais d’effort. Lys devait avoir voulu leur dire ça, de son regard rubicond, ces fois où Ils s’échappaient à ses mains pour fuir plus loin, mais jamais il n’insistait. C’était gentil. Eux n’étaient pas gentils. Et Ils avaient la gorge sèche, à trop claquer ainsi, mais cela importait peu. S’Ils perdaient le fil, alors Ils perdraient tout.

Clac. Ce n’était pas leur langue.

Ils voulurent demeurer statique, venger l’attente par l’attente, mais se retrouvèrent à franchir la porte avant même d’avoir pu y réfléchir. Il fallait dix pas pour rejoindre l’entrée, mais deux bonds de biche leur suffirent. Néanmoins, Ils retinrent l’envie de se jeter au cou de leur compagnon, vers lequel Ils relevèrent une expression accusatrice. Ils ouvrirent la bouche, demeurèrent ainsi un instant sans parvenir à articuler un seul son :

-Il est tard,
lâchèrent-Ils à mi-voix, dans un sanglot traître qui exposait leur désarroi.

Ils plissèrent les yeux, mais n’eurent pas le temps de chercher quoi qu’il y eût à chercher dessus, car déjà les bras connus étaient autour d’eux. Fébriles, Ils laissèrent filer un son de bête éreintée, abattirent leur poids frêle sur les épaules de leur Lys. Peut-être avaient-Ils fabulé, encore, toujours. Il l’entendait souvent dire, qu’Ils étaient rêveurs, qu’Ils étaient fous. Ils avaient rêvé l’ombre de sourire, halluciné la déception, et sans doute « tôt » pour l’autre n’était pas le même que pour eux.

Mais Lysandre, leur Lys, portait sur lui un parfum doux et sucré, le parfum de leurs pires craintes. Alors Ils décidèrent de pardonner. Car si tout était éphémère, alors leur peine s’effacerait, et avec elle, un jour prochain, le attentes jusqu’au matin face à l’horloge.
Anonymous
Arndt Kandle
Invité
Dim 24 Mar - 21:04



L'univers est celui de Shingeki no Kyojin Rebirth, pas besoin d'en dire plus... Si ? Titan, Murs, Eren ? Voyons ! Mon personnage est Arndt Kandle, un soldat du bataillon. Depuis qu'Erwin est en prison... Et bien cela ne va pas fort. Les soldats du bataillon sont devenus les parias de l’armée. J'avoue que ça fait pas trop plaisir. C'est quelqu'un qui ne pense qu'au bataillon. C'est un pro-Erwin. Il aime pas beaucoup la bourgeoisie ni la famille royale... Sinon, c'est quelqu'un de fiable et qui s’énerve vite si quelque chose ne lui va pas.  Psychopathe

Tout avait changé récemment. Avec l'emprisonnement d'Erwin, les soldats du bataillon d'exploration venaient de perdre leur charismatique leader.  Aux yeux des forts, des hauts gradés et même des autres soldats, ils n'étaient que des chiens et c'est pourquoi ils devaient être traités comme tels. Arndt  ne faisait pas exception. Comme la majorité de ses camarades,  il avait été affecté à une brigade à des centaines de kilomètres de là. Ils appelaient cela "la rotation", les membres du bataillons partaient en poste un certains temps dans un lieu, puis dans un autre, encore un autre et ainsi de suite... Jusqu’à épuisement total.

Cela faisait déjà 6 semaines que le brun  avait rejoint la brigade du Capitaine Dhoscka composée de membres des brigades spéciales. Enfin... Jusqu'à la, il n'avait jamais croisé le capitaine en chair et en os. On leur répétait sans cesse que celui-ci était très occupé et qu'il n'avait pas de temps à perdre avec un chien du bataillon. Charmant. Un vrai spectre... Ce lord fantôme... La seule tête dirigeante à qui Arndt avait à faire été l'intendant Frauss. Le genre détestable. Il était celui qui transmettait au Capitaine, son secrétaire personnel si vous voulez. Ni plus, ni moins. Il passait son temps assis  à remplir de la paperasse. Tout partait de l'horrible petit bonhomme et tout devait passer entre ses mains à un moment donné.  

Ce soir-là, il était encore en train de patrouiller. Il faisait assez sombre en ce moment de l'année, et l'environnement très boisé n'arrangeait pas la situation.  Cette zone était réputée pour ses sapins et le bois qui en était alors exploité. D'après certaines rumeurs, ce bois appartenait roi. Le bois le plus cher du pays. Néanmoins, étant une zone très à l'écart, personne n'avait tenté jusque-là de venir piller quelques ressources que ce soit, sans parler des loups et du froid. Protéger des sapins, en voilà une belle carrière militaire. Enfin, pour être précis sa mission était de protéger le village d'Hausche ainsi que les bûcherons et donc par extension le bois lui-même.  De toute façon, il se fichait bien de la raison de son transfert ici ou des personnes à protéger. Content, pas content, peu importe, il devait faire son travail...  Du moins, si il voulait éviter la prison. Quoi que, en ce moment, se serait directement à l'échafaud.  Non merci.  

Ce qu'il trouvait surprenant, c'est le dispositif mis en place pour la protection de l'endroit sachant que jamais personne n'est venu causer  de problème dans les environs.  Jour après jour, toujours la même rengaine, le même chemin de ronde encore, encore et encore.  Directement tracé par Frauss,  les soldats devaient le suivre à la lettre sous peine de sanction. Rien de bien difficile  ni de bien original, si ce n'est l'interdiction formelle et répétée  de l'intendant de rentrer dans la scierie.  Qu'est-ce qu'il aurait pu bien y faire dans cette scierie après tout. Ce n'est pas comme si cela avait de l'intérêt pour lui.  Il ne comprenait pas vraiment la véhémence de cette requête, mais après tout ce qui appartient au roi reste toujours mystérieux.

Machinalement, lui et son binôme  arpentaient le même chemin qu'hier, avant-hier et avant avant-hier.  Des arbres, des arbres, des arbres. Quoi d'autre !?  Des arbres !  Comme toujours. Enfin, comme toujours... Pas vraiment.  Alors qu'ils s'approchaient de la fameuse scierie,  quelque chose  capte  leur attention.  Du feu?  Non, une torche. Une torche? Entre la distance et la quasi obscurité, les deux hommes ne purent pas vraiment reconnaître qui que se soit en particulier, néanmoins, quelqu'un s'était bien introduit dans la scierie.  Leur mission était-elle d'y aller ? Ils n'avaient  pas le droit de s'y approcher mais d'un autre côté leur mission était de protéger l'endroit et cette personne suspecte  pouvait en avoir contre les bûcherons ou le stock de bois. Quand on y pense,  les deux soldats n'avaient pas vraiment le choix. Furtivement, Ils décidèrent de s'approcher de la grande bâtisse. Fusil en main,  avançant à pas de loup, il ne leur fallut que peu de temps pour arriver au pied  dudit bâtiment.  Rien.  Aucune trace de qui que ce soit ni de la torche. En essayant de pousser le grand portail en bois donnant à l'intérieur, rien ne bougea. Verrouillé. Avaient-ils rêvé ? Impossible, Il était deux à l'avoir vu.  Un contrecoup de la fatigue peut-être. Ils ne sauraient jamais.

Le reste de la Patrouille se déroula sans autre incident. Néanmoins, Une fois rentré,  ils n’oublièrent pas de mentionner cet incident, si on peut le qualifier de tel. Alors que le soldat du bataillon s'attendait à ce que l'intendant renforce la sécurité ou qu'il essaie de tirer cette histoire au clair, il le vit de venir blême.  

Espèce d'idiots ! Je n'ai pas été assez claire ?
Je devrais vous collez au trou...


Apparemment, s'approcher de la scierie était plus grave que de faire un chemin de ronde habituel même si ils avaient croisé quelqu'un.  On dirait bien que le respect de ses ordres importait plus  au grassouillet  que la sécurité du site.  Après quelques minutes où Frauss  fini par se calmer, il déplia la boule de papier qu'il tenait en main et finit par la signer : "Je verrais avec le Capitaine."  Se furent les derniers mots qu'il prononça avant de donner congé aux deux soldats. Tout se passa plutôt convenablement le lendemain, personne ne revint sur l'affaire.  Bande d'abrutis.  Il continua de faire ses basses besognes toute la journée avant de reprendre son  tour de garde habituel avec un autre compagnon. Néanmoins, quelque chose surprit alors le jeune homme.  L'itinéraire avait été modifié... Par Frauss certainement.  Cela en devenait presque suspect. Mais bon...  Bien qu'il avait décidé de ne pas s'intéresser à cette histoire plus que ça, la rencontre de la veille l'avait assez marqué. Qui était cette personne ? Il voulait, non, ils devaient le savoir. Il commença le trajet habituel mais au moment de bifurquer sur le nouveau tracé, il décida de s'approcher de la scierie par le chemin habituel. Il demanda à son camarade de continuer sans lui. Il voulait avoir des réponses, d'une manière ou d'une autre.  

Il se positionna alors proche du bâtiment, attendant le bon moment. Après plusieurs minutes d'attente une silhouette s'approcha du bâtiment torche en main. Enfin ! Il ne  chercha  même pas à trouver une stratégie ou autre, il se contenta de se ruer sur  la personne. Arrivé à sa hauteur,  ils vint alors le plaquer au sol. À en croire la carrure de la personne, il s'agissait apparemment d'un homme. Celui-ci tenta de se débattre et d'échapper à la prise du soldat du bataillon.  Il attrapa alors  une pierre qui traînait là, et assénât un coup fort sur le crâne du jeune soldat. Arndt  bascula  et son opposant pris l'avantage. Plaçant ses mains autour du cou du soldat, l'étranger tenta de l'étrangler.  À chaque secondes, il refermait de plus en plus sa prise, si bien que le brun commençait à se sentir partir. Croyant que ses derniers instants  étaient arrivés,   il fut surpris de voir une lame s'enfoncer dans la gorge de l'homme. Celui-ci tenta de dire quelque chose, mais le son se perdit dans un gargouillis... Seul un mot fut audible : "Le bois... le boo." Son partenaire été finalement revenu sur ses pas. Il leur fallut quelques minutes pour comprendre la situation. Même si cela semblait encore flou. Ramassant la torche de l'homme, ils purent jeter un coup d'œil sur celui-ci. Il portait une tenue légèrement bizarre, ou du moins originale.  Tout vêtu de blanc, l'homme portait également un masque. Incompréhensible. Le duo, après avoir repris ses esprits, se mit en route pour se rendre à l'intendance et parler à Frauss. Enfin... Ils auraient bien aimé.

- Bande d'incapables ! Chiens du bataillon.
Vous ne pouviez pas vous en tenir au plan. Fallait que vous fassiez tout foir...

Il se stoppa net. Il venait d'en dire trop... ou pas assez.

Le brun ne savait plus quoi penser. "Je dois parler au Capitaine" Il ne dit rien d'autre. Frauss tenta de l’empêcher de se rendre aux quartiers de celui-ci. Bloquant le chemin, il fut balayé assez vite par le soldat du bataillon. Quelques secondes suffirent pour se rendre devant la porte. Il tapa. Pas de réponse. Encore. Rien. Foutu pour foutu. Reculant de trois pas, il enfonça la porte d'un coup sec et pénétra dans la pièce. Il se mit alors à vomir. Quoi ? Une odeur putride se faisait ressentir. Il n'avait jamais senti quelque chose d'aussi ignoble. Il ne pu refréner sa nausée. Se couvrant la bouche avec le col de son uniforme, il pu voir d'ou cela provenait. Un homme était assis sur une chaise, la gorge tranchée commençant à se décomposer . Dhoscka ? Non, son vrai nom était Dax Freui. C’était quoi ce bordel ? Le brun quitta la pièce après avoir décroché une épée qui était au mur en décoration. Il voulait des réponses. Retournant dans le hall, il ne vit personne. Ou étaient-ils ? Arme en main, il se dirigea dehors... Quoi ? Devant lui, se trouvait tout les autres soldats... Il portait un masque... Le même que l'homme. MAIS BORDEL QU'EST CE QU'IL SE PASSE ??? Un homme émergea alors de la foule. Portant des habits inhabituels, très bourgeois, un haut de forme visé sur la tete.

- Eh bien, eh bien... Le vilain petit canard me cause du tord. Pas bien, pas bien du tout. Il enleva son chapeau avant de s'incliner.Je suis Shadock Méphistophélès... Le Lord Phantom... Ce bois est mien maintenant... Et toi, tu ne vas plus me déranger longtemps.
Anonymous
Djerin Raskae [NRP]
Invité
Lun 25 Mar - 0:55


Une petite présentation préalable de l'univers:

Une petite présentation préalable du personnage:

La nuit était fraîche, le vent tourbillonnait en emportant quelques flocons de neige sur Moscou. Au sommet d'un toit, les yeux rivés sur la rue, le Corbeau attendait. Cela faisait maintenant quatre heures qu'il était immobile, à attendre sa proie, et sa patience était sur le point d'être récompensée. Alexei Kolotov, marchand de chapeaux le jour, membre de la LR la nuit, pénétra dans le bar que surveillait Karasu. L'intuition à cause de laquelle l'âme damnée de Loups se trouvait ce soir à cet endroit et non pas en train de participer à la cérémonie d'échange semblait se confirmer. Une intuition douloureuse d'évidence, mais trop dangereuse pour qu'on veuille l'admettre.

Alors que la cérémonie se préparait, ces dernières semaines, les membres de la milice avaient trop souvent été aperçus à rôder autour du point de rendez-vous. Des mouvements de troupes étranges dans les casernes qu'aucun contact n'avait pu confirmer, la majorité d'entre eux étant étrangement mis à l'écart ou disparaissant corps et âme. Ce genre d'événement avait malheureusement tendance à arriver régulièrement dans ce milieu, et la milice avait toujours travaillé dans une paranoïa ambiante. Pensant à des coïncidences juste problématiques, le Corbeau avait dénigré ces sujets, la cérémonie et son organisation lui prenant trop de temps.

C'est un message qui avait titillé son attention une fois de trop. Un de ses contacts dans la milice, une officier qu'il avait lui-même formé, lui avait appris qu'un rebelle allait participer à un échange avec la Milice. Le jour même de la cérémonie, il s'agissait d'une coïncidence beaucoup trop dangereuse pour être honnête. Laissant la cérémonie sous la surveillance de Peter et de la garde des Loups, il était venu attendre le traître au bar que son contact lui avait indiqué.

Alexei quitta le bar trop rapidement pour y avoir bu quoi que ce soit, portant dans sa main une bourse trop lourde et sur ces épaules une conscience visiblement plus lourde encore. Sans bruit, l'ombre sur le toit se lança à la poursuite du marchant ventripotent. Comme de nombreux membres de la LR, ce dernier n'aimait pas les Loups, eux-même le leur rendant bien, mais toujours les deux groupes avaient respecté un accord tacite qui voulait qu'on ne fasse aucun tort à l'autre. Cependant, la LR avait prouvé à plusieurs reprises son incapacité à assurer l'intégrité totale de ses membres, ce qui avait donné lieux à de nombreuses trahison et c'est pour cette raison que le Corbeau suivait le rebelle.

Alors que le marchand s'engageait dans une ruelle, l'ombre d'un chasseur nocturne tomba devant lui. Reconnaissant immédiatement l'homme à qui il avait affaire, Alexei poussa un petit cri étranglé et tenta de faire demi tour. Pas assez vite puisque, d'une main ferme, le Corbeau souleva le gros homme. Il le plaqua contre le mur, le portant à hauteur de ses yeux. Tu parle ou tu souffre. Ton choix. Terrifié, le marchand balbutiait des incohérences qui stoppèrent pour des cris de douleur lorsqu'un de ses doigts de brisa dans un bruit sec. Il en reste neuf...

Le rebelle se mit soudain à parler très vite. Écoute, c'est pas ma faute. C'est Stepan qui m'a dit que je devais venir récupérer ça pour lui. C'était son idée ! C'est lui qui en a parlé ! Moi j'ai fais que servir d'intermédiaire ce soir puisque Stepan y... La fin de sa phrase s'étrangla dans un râle à cause de la main du Corbeau qui s'était crispée autour de sa gorge. La pression augmenta jusqu'à ce qu'un bruit de rupture sèche amène le corps inerte au sol. Stepan. Stepan Urwan, un des hommes de confiance du chef de la LR actuellement en train de rencontrer les chefs des Loups. Pour la cérémonie. Où Stepan se trouvait aussi.

D'un bond, le combattant qui se trouvait sur la neige disparut pour laisser sa place à un énorme Corbeau noir comme la nuit, battant des ailes à toute allure pour prévenir ses compagnons. Il passa le niveau de toit, et ne dut qu'à son formidable entraînement d'esquiver la bolas qui fonçait vers lui dans un discret sifflement. Il s'écrasa sur la toiture et reprit sa forme humaine, aux aguets. Un ennemi se trouvait là. D'un bond il s'écarta pour éviter le couteau qui se serait planté dans sa poitrine s'il était resté une seconde de plus dans cet endroit. Sur le toit d'en face, un homme souriait, une lame dans chaque main. Béni soit le seigneur de m'offrir cette chance. Plutôt que d'éliminer une vermine, j'ai le droit à un Démon de premier ordre...

C'est un des fanatiques. Loin d'être le premier qu'il rencontrait, celui-ci semblait avoir pour mission d'éliminer Alexei. Voilà que la milice travaillait avec eux maintenant ? Sans plus se poser de question, le Corbeau sauta dans le vide, couvrant les mètres qui les séparaient sous sa forme animale avant de lui tomber dessus, le genoux en avant. Le fanatique n'avait pas attendu qu'il arrive et s'était décalé pour frapper à l’atterrissage. Bloquant le coup en frappant le poignet de son adversaire de son pied, le Corbeau atterrit en roulade sur le toit avant de tenter d'en éjecter l'autre d'un puissant chassé. Le coup battit dans le vide alors que le religieux se fendait à nouveau juste derrière son esquive, tentant de poignarder le Corbeau.

D'un geste brusque, le rebelle frappa le dos de la main de son adversaire et le creux de son poignet simultanément, faisant s'envoler la lame hors de sa main propriétaire. L'oiseau la saisit au vol et tenta de la planter dans le cou du fanatique. Ce dernier, visiblement aussi bien entraîné que le rebelle, para le coup avec adresse de sa main libre, l'autre venant entailler le ventre du rebelle qui avait évité l'éventrement d'un cheveux. Repoussant son adversaire d'un coup de pied éclair au niveau de l'estomac. Son inquiétude pour la cérémonie et ses frères d'armes lui faisait perdre toute rigueur martiale. Profitant que son adversaire se relevait, il prit une seconde pour se calmer. Regroupant ses esprits, il reprit une posture de combat et inspira. Il était prêt.

Alors que le religieux attaquait, jonglant sa lame d'une main à l'autre pour tenter de le déconcentrer, le Corbeau se tint immobile, tel qu'il l'avait apprit. Lorsque son ennemi ne se trouva plus qu'à une longueur de bras de lui, alors qu'il allai frapper, l'oiseau se plaqua au sol, passant sous le coup de poignard qui envisageait de percer son cœur. Dans le même mouvement il lança sa lame, qui vint se planter dans la gorge du fanatique avec force. Celui-ci la saisit, la retirant d'un geste sec, le regard perplexe face à tout ce sang. Balbutiant dans son agonie, il chancelait. Tu m'as peut-être tué... Mais mes frères tueront les tiens... Tu es trop loin pour les sauver...

Mais le Corbeau n'écoutait déjà plus, volant à tire d'aile vers le point de la cérémonie. Ils avaient été trahit ! La milice et les fanatiques arrivaient ! Et lui n'était pas là pour les prévenir et les protéger. Il devait les sauver....






Mais ceci est une autre histoire.
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