[Fin du J16][Un couloir] Behind blue eyes [avec Al]

Anonymous
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Lun 27 Mar - 10:27
Je n’ai pas dormi, cette nuit-là : j’avais trop de choses sur le cœur depuis ma dispute avec Al. J’avais passé des heures à me retourner, encore et encore, dans mon petit lit de camp, en ressassant inlassablement tout ce qui s’était passé. Je pensais  à ce qu’Al avait dit, à ce que j’avais dit ; à ce que j’aurais dû lui dire. Les français ont un terme pour ça : ils l’appellent l’esprit d’escalier, mais je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce qu’on regrette toujours ce qu’on a dit après avoir quitté quelqu'un, quand on redescend les marches qui mènent jusqu'à sa porte.

Oh, je regrettais des choses : beaucoup de choses, en fait. En réalité, j’avais peur de parler à Al : nous n’étions pas faits pour parler, tous les deux. Je crois que nous fuyons tous les deux quelque chose, dans des directions opposées, et que cela nous empêchait de trouver un terrain d’entente ; mais cette explication n’était pas suffisante : fuir, d’accord, mais quoi ? Mes insomnies m’avaient au moins apporté une ou deux réponses, ne serait-ce qu’à mon sujet. Je savais ce que je fuyais : moi.

Al m’effrayait car lorsque j’étais à avec lui, il me rappelait brutalement qui j’étais ; nous étions trop proches, lui et moi : obtus, égocentriques, et faibles. Nous étions habitués à nos quotidiens confortables, à nos vies ennuyeuses, et nous aimions tout ça : faire semblant était simple. Mais nous avions été amenés ici, et tout avait soudain changé. Je me doutais qu’Al ne savais pas du tout comment organiser le travail de tout le monde, et moi… autant dire que je ne servais à rien.

Mais j’avais voulu y croire, encore un peu : rester enracinée au milieu de mes idées banales et terre-à-terre, dans une illusion de simplicité. Ça n’avait pas marché longtemps. A présent, je n’étais plus sûre : qui étais-je, pourquoi étais-je là ? J’avais bien dit à Al que tout allait mieux, mais en réalité…

Je ne voulais pas avoir fui une réalité pour avoir à en fuir une autre.

A cause de la fatigue, j’avais traversé la journée dans une sorte de nuage rose, sans comprendre une grande partie des événements qui s’y étaient déroulées, aidant parfois sans enthousiasme lorsque je le pouvais, évitant Al lorsque j’en étais capable, profitant des situations où nous étions trop occupés pour discuter. Pour autant, je savais qu’il me faudrait lui parler à nouveau. Pour régler des détails, faire enfin avancer les choses ; mais je repoussais l’échéance. Pour moi comme pour lui.

Et puis, lorsque la situation dans la base finit par se calmer, j’ai rédigé une petite note sur un bout de papier à peu près amorphe que j’ai laissé sur la table, pour lui. Puis je me suis levée de ma chaise et j’ai quitté la salle de réunion, j’ai rejoint un coin de la Base où quelqu’un avait installé un tableau en liège qui avait été recouvert de notes et de messages sans queue ni tête. Pour être honnête, j’avais besoin de ce tableau : il me fallait quelque chose à regarder, quelque chose à commenter pendant les moments dérangeants. En la matière, ce panneau était parfait. Je me suis donc plantée devant, fait semblant de le regarder. Et puis, même si je n’étais pas sûre qu’il viendrait , qu’il s’arrêterait pour me parler…

Complètement terrifiée, seule dans ce couloir sombre, j’ai attendu.


Résumé:
Anonymous
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Mer 10 Mai - 21:35
Disclaimer:


Un mot sur une table, sans motif explicite.

C’était probablement la première fois qu’une personne en-dehors de ses parents lui laissait un mot. Bien que l’invitation à venir discuter seul à seul, discrètement glissée là où l’on serait sûr qu’Al la lirait, ait quelque chose d’à la fois mystérieux et romanesque, le matheux était certain qu’il n’aurait pas droit à une déclaration d’amour. En moyenne, sur tous les pronostics qu’il avait pu se formuler à lui-même, la conversation de la veille occupait une place on ne peut plus importante. Dans le pire des cas, elle l’invitait pour l’assassiner, mais personne n’aurait choisi un couloir pour une scène pareille. Plutôt le toit, l’opéra en ruine, le jardin, ou même le sous-sol.

Il n’y avait rien de plus banal qu’un couloir. Et rien, pourtant, de plus bizarre qu’une Amelia qui voulait lui parler.

En toute honnêteté, Al n’en avait pas envie. Vraiment. L’évitement était sans conteste allé dans les deux sens tout au long de la journée, et ce manège pouvait aisément continuer jusqu’à ce que les deux partis retombent dans une totale indifférence l’un vis-à-vis de l’autre. Soit un long moment. Hélas, là où les petits mots font preuve de cruauté, c’est qu’il est trop ardu de leur déroger, en particulier lorsqu’ils laissent le suspens.

Allez, si ça se trouve, elle veut juste parler de… logistique.

... Non.


Il était presque plus logique de croire qu’elle souhaitait des cours particuliers de mathématiques… Or, Al savait que s’il en arrivait à cette idée, c’est qu’il avait couru foutrement loin dans sa fuite. Jusqu’à foncer dans le mur. Quitte à marcher, se motiva-t-il cependant, autant aller droit au but. En quelques dizaines de pas, il avait trouvé sa cible.

« Salut. »

Juste devant lui, l’incriminée était plongée dans une lecture fascinante. Celle du tableau qu’on avait fichu là pour épingler un tas de choses utiles. Al avait peur de lire ce qui avait été ajouté dans la journée, fait justifié par son faible espoir en l’humanité (surtout si l’humanité incluait le sous-ensemble « club des étoiles de mer »).

Et maintenant ?

C’était le moment où il était censé sortir un discours d’excuses. Ou d’autre chose. Peut-être qu’Amelia voulait vraiment parler de logistique et qu’il était malvenu de foutre les pieds dans le plat. Ou peut-être pas. Dans le doute, autant ne pas jouer à anticiper.

« Je peux t’être utile... ? » demanda-t-il, à moitié convaincu.

Non, j’avais juste envie de te faire perdre du temps. D’ailleurs, regarde dehors, il pleut dans mon cœur comme il pleut sur la ville !


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