[Ciel d'Esquisse] Jouer les filles de l'air.

Anna
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Ven 25 Sep - 15:37
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Enfin, nous étions assises dans l’avion, prêtes à confectionner cette fameuse carte ! Assise sur le siège avant, mes lunettes posées sur le nez pour ne pas être gênée par la lumière du ciel, j’étais aux commandes de l’engin. Watt et Marie Curie m’avaient tout expliqué – même l’atterrissage – mais j’étais un peu anxieuse : passer de la théorie à la pratique en si peu de temps, ce n’était pas rien ! En même temps, j’étais plutôt fière de moi : s’ils avaient fait appel à moi, ça voulait dire qu’ils avaient confiance en mes capacités. Ou alors qu’ils n’avaient trouvé personne d’autre… Ahem, c’était tout aussi probable. Enfin, c’était dans leur intérêt de choisir la meilleure personne possible pour faire une mission aussi périlleuse. C’était ce qu’il me semblait, du moins.

Le décollage m’avait fait un peu peur et nous avions à plusieurs reprises rebondi sur le sol avant de nous envoler vraiment, pour rejoindre les mystérieuses images du ciel d’Esquisse. Le bruit des engrenages et de la vapeur nous enfonçait dans une toute autre ambiance que celle de la Base, peut-être même celle du monde entier ; nous étions ailleurs, ensemble, prêtes à découvrir de nouveau une partie du monde que nous pensions bien connaître. Je me demandais si ceux qui étaient montés dans les premiers avions avaient pensé ça, eux aussi. Tout sourire, je me tournai légèrement pour parler à Céleste :

« La compagnie Air Esquisse vous souhaite la bienvenue à bord ! Je serai votre commandant de bord et votre hôtesse de l’air faute de place et d’employés. N’hésitez pas à dire si quelque chose ne vous convient pas ! »

À ce moment-là, j’avais surtout envie de détendre l’atmosphère. Nous en avions besoin, j’en étais certaine, au vu de ce qui nous attendait. Ça me rassurait aussi, d’ailleurs. J’espérais que Céleste  n’avait pas remarqué la pâleur de mes phalanges. En fait, j’étais totalement crispée sur le volant. Je jetai un coup d’œil par la vitre, en bas.

« Woah ! C’est vraiment une belle vue ! Tu arrives à bien dessiner comme ça ? »

J’espérais que je volais suffisamment bas et lentement pour que ma camarade ailée puisse prendre son temps pour dessiner. Elle avait l’air timide, mais j’aimerais bien faire la conversation avec elle. Nous avions beau être en mission, envoyées par les cyantifiques pour atteindre un objectif, les airs semblaient être le seul endroit calme où l’on pouvait discuter tranquillement – denrée rare dans l’Esquisse.

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Jeu 15 Oct - 23:04
Nous étions déjà loin dehors quand j'ai rouvert les yeux. Je ne parvenais pas à assimiler la manière dont cet amas de bois, de toile et de métal résistait à l'appel du sol. J'avais déjà vu des avions, comme tout le monde, mais je n'étais jamais monté dedans. En jetant un coup d'œil à l'extérieur de l'habitacle, je réalisai à quel point le monde était mort. La ville ne manquait pas de charme, vue de loin. Mais pas de loin et en plongée. L'entrelacs de rues défoncées, barrées de nombreux éboulis, effondrements et affaissements que j'apercevais à sa périphérie faisait assez de peine à voir, d'autant que je voyais parfois des formes minuscules évoluer dans la limite de ma vision, entre les pâtés de maison désertés, au loin. Quant au reste... c'était gigantesque. Je contemplai cet océan de couleurs qui s'étendait de tous côtés quelques instants encore, puis me penchais vers mon carnet. Et j'étais supposée dresser une carte de tout ça ?

- La compagnie Air Esquisse vous souhaite la bienvenue à bord ! Je serai votre commandant de bord et votre hôtesse de l’air faute de place et d’employés. N’hésitez pas à dire si quelque chose ne vous convient pas !

Assise sur le siège conducteur, les lunettes sur le nez, Annabelle paraissait crispée. Cette tentative de plaisanterie, sur le ton de la discussion, ne faisait que le confirmer. Ici, dans le relatif calme qui régnait dans l'engin, je pouvais profiter qu'elle me tourne le dos pour l'observer vraiment. Elle n'était pas très grande, plutôt menue ; quand elle se retournait pour parler, j'apercevais fugitivement l'angle de son visage, de son nez droit et fin, le mouvement de ses lèvres minces, des lèvres claires et lisses. Pas ses yeux : ses yeux étaient couverts par ses lunettes, de grandes lunettes arrondies, qui lui donnaient un air sérieux et lui couvraient entièrement les orbites. Annabelle était jeune. Je lui souriais en réponse ; je ne crois pas qu'elle le vit. Elle était vite retournée aux commandes.

- Woah ! C’est vraiment une belle vue ! Tu arrives à bien dessiner comme ça ?

Je fus rapidement ramenée à la réalité, dans cet avion, seule avec une autre, au dessus d'une ville en ruine, les joues teintées de rouge. Je regardai à nouveau vers le bas, par dessus les ailes de l'engin. Il faisait clair, rien ne cachait la vue. Je me penchais frénétiquement sur mon carnet, réalisant la quantité de travail que je venais de négliger. Un point de repère, quelques traits, un point de repère, une place, un point...

- Euh... oui, oui. C'est une belle vue... Aucun, aucun problème. Tout va bien.

Je restai la tête résolument baissée, quelques instants, le temps de remarquer le calme environnant. Le ciel de cet endroit était donc si tranquille ? Nous étions déjà au dessus de la ville, dans la partie connue.

- Annabelle ? Je crois... que tu peux accélérer un peu. En faisant de grands cercles... s'il te plaît.

Ou ralentir. C'était comme elle voulait. Nous avions le temps, après tout.

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Ven 16 Oct - 20:56
La réponse de Céleste me rassura. Elle ne semblait pas très sûre d’elle. Avais-je dit quelque chose de gênant ? A priori, non… Je faisais toujours un peu attention à ce que je disais, quand même. Pendant un instant, je regardai la ville en bas. Et c’était terrible, tellement terrible. De là-haut, on se rendait vraiment compte à quel point tout avait été ravagé, détruit, éventré. Impossible de savoir si ce qui déambulait en bas, dans les rues mortes de la ville, était des objets ou des dessinateurs.  Ça me rendait triste. Tout ce que j’avais connu, tout ce que j’avais aimé quand j’étais arrivée me semblait encore plus lointain. Désormais, tout cela ressemblait à un dépotoir. Oh, auparavant, c’était totalement déstructuré, mais au moins rien n’était détruit. Et tout le monde était en vie.  

« Annabelle ? Je crois... que tu peux accélérer un peu. En faisant de grands cercles... s'il te plaît.
– Ok chef ! Ah, et tu peux m’appeler Anna si tu veux, c’est plus simple… »

Céleste possédait une jolie voix, assez chaleureuse, agréable à entendre. Elle hésitait sur ses mots ; c’était un peu dommage, mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Je poussai le levier de vitesse vers l’avant… avant de me sentir propulsée en arrière sur le dos de mon siège.

« Merd… euh, mince ! »

Les commandes m’avaient échappé d’un seul coup. Le nez de l’avion pointait vers le ciel. Une image de verre brisé, comme un mauvais présage. Mon cœur battait la chamade et je sentais le sang quitter mon visage. Je me jetai vers l’avant, une main sur le volant, l’autre sur le manche. Tremblante, j’abaissai le levier avant de faire redescendre l’avion en douceur. Le souffle coupé, je manœuvrai pour stabiliser l’engin au-dessus de la ville.

« Je. Je suis désolée, Céleste… Ça va, rien de cassé ? »

Mais quelle idiote… J’étais censée la protéger mais j’aurais pu nous tuer, avec mes bêtises ! Confuse, je n’osai pas me retourner pour la regarder. Elle devait vraiment m’en vouloir. La tête rentrée dans les épaules, je sentis mon estomac se nouer. Encore ébranlée, j’avais bien du mal à me reconcentrer. J’avais bien le sentiment que ce ne serait pas notre première péripétie, mais je n’étais pas obligée d’en rajouter…

« Tu veux encore continuer ? »

Notre voyage avait à peine commencé, mais Céleste avait dû avoir très peur… Elle ne voudra sans doute plus jamais remonter avec moi dans un avion !

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Mar 27 Oct - 20:00
- Merd… euh, mince !

Je reçus le carnet sur le nez, et pendant un instant mon champ de vision fut entièrement bouché par un petit croquis. En accélérant, Annabelle semblait avoir perdu le contrôle de notre véhicule qui se dirigeait droit vers une étendue illimitée de nuances de rose, blanc et rouge ; le ciel le plus déprimant que je n'avais jamais vu. A la vitesse où nous allions... Je fermai les yeux, inconsciemment, ...pour mieux les rouvrir une vingtaine de secondes plus tard. L'avion était stable. Je jetai un coup d'œil prudent par la vitre : la terre était en dessous, le ciel au dessus de nous. Je reprenais mon souffle. Tout allait bien.

- Je. Je suis désolée, Céleste… Ça va, rien de cassé ?

Je ne pouvais pas voir son visage, mais Annabelle tremblait. De nous deux, je suppose que c'était elle, la plus touchée : elle s'imaginait sûrement être coupable du brusque sursaut de notre engin. J'aurais dû y penser : elle n'avait jamais piloté un tel engin. Je me rappelais fugitivement des indications fébriles que lui avait fait un des scientifiques juste avant notre départ. Au final, c'était moi qui avais amorcé cette situation, à toujours penser trop vite quand tout se passait bien.

- Tout va bien, tout va bien... Quelques bleus, je crois. C'est tout... Pardon.
- Tu veux encore continuer ?
- Euh... oui. Oui, Anna. Continuons.

Je regardai mon carnet, puis la ville en dessous de nous. Nous étions en train de quitter les régions que nous connaissions, du moins que mon équipière connaissait, pour nous diriger vers l'immense étendue de ruines du reste de la ville. Annabelle ne semblait pas s'en être rendue compte, renfermée sur elle-même qu'elle était. Je me penchais vers elle.

- Anna, je... Je suis désolée, c'est ma -

Quelqu'un poussa un petit cri -moi ?- alors qu'un grand bruit retentit depuis le ventre de l'avion. Au même instant, je fus projetée dans mon siège par une turbulence. D'autres suivirent, tandis que la tôle laissait entendre que des centaines de petits objets heurtaient la coque à intervalles rapprochés. Puis le ciel s'assombrit et plusieurs petites formes passèrent devant nous avant de se disperser au quatre vents.

- Qu'est-ce que... Tout va bien, Anna ? Euh...

Je n'étais pas sûre de quoi dire ou faire à ce stade, alors je posai une main sur son épaule et regardai à nouveau vers le bas.

- Nous... nous sommes déjà loin, ça ne devrait plus durer très longtemps... je suppose ?

J'adressai un petit sourire empourpré à son reflet, dans le pare-brise, avant de retourner à mon carnet. Je dessinai frénétiquement : Il y avait encore beaucoup, beaucoup à faire.

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Lun 2 Nov - 23:43
Je serrais les dents à me rendre la mâchoire douloureuse. Comme je me sentais mal... J'avais mis Céleste en danger. Qu'est-ce qui aurait bien pu se passer si je n'avais pas eu ce réflexe, à l'instant, de reprendre le contrôle ? Quelques bleus, elle disait... Est-ce que c'était vrai, ou voulait-elle minimiser le choc pour ne pas m'inquiéter davantage ? Le fiel de la culpabilité coulait en moi à une vitesse fulgurante. À raison. Et pourquoi s'excusait-elle enco--

Quelque chose avait percuté l'avion. Deux fois. Trois fois. Je gardai une main aux commandes et empoignai de l'autre mon fusil. Vigilance. Je parcourus du regard les alentours de l'engin, mais plus rien, à part ce bruit incessant d'engrenages emboîtés les uns dans les autres. Là. C'était un banc de poissons. Leurs écailles reflétaient les couleurs du ciel. Je lâchai mon fusil et élevai légèrement l'avion pour les laisser passer. Ils semblaient juste vouloir continuer leur chemin sans vouloir nous attaquer. Je me méfiais toujours des objets, mais c'était inutile d'ouvrir les hostilités pour rien.

« Oui, ça va ! » répondis-je à Céleste, tentant d'adopter un ton aussi enthousiaste que possible.

Le ciel prit une teinte violacée, menaçante. Après avoir laissé passer le banc de poissons scintillants, je fis redescendre notre embarcation.

« On dirait que ça s'est calmé... » ajoutai-je.

Je soufflai un bon coup. J'étais encore anxieuse. J'espérais que c'était notre dernière difficulté avant de terminer. Nous étions déjà en train de quitter la Ville. La partie infectée par les objets. Là où les habitations tombaient en ruines, les bâtiments de ce côté-là exhibaient leurs entrailles. Je pouvais voir des formes plus ou moins imposantes valdinguer, se heurter, se détruire. Nul doute qu'il s'agissait d'objets. J'aimerais pouvoir reconquérir cet endroit, avec les autres entassés dans la Base. Cela nous permettrait de vivre, plutôt que de survivre. Mais à quel prix ?

Je répondis au sourire de Céleste par un hochement de tête.

« Oui, on devrait avoir fini dans pas longtemps. On approche de la plaine... Tu y es déjà allée ? »

J'avais l'impression qu'elle n'était pas là depuis très longtemps. Je me demandais pourquoi tous les dessinateurs n'étaient pas arrivés, ou ne s'étaient pas réveillé en même temps. J'avais même le sentiment que j'étais l'une des plus anciennes ici... et ce n'était pas forcément quelque chose de bon.

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Jeu 26 Nov - 10:42
- Oui, on devrait avoir fini dans pas longtemps. On approche de la plaine... Tu y es déjà allée ?

La plaine... je savais qu'elle existait, à cause de rumeurs chez les habitants de la ville. Qu'elle était grande, et dangereuse. Je n'avais pas entendu beaucoup plus, en revanche. Je doutais un peu de l'utilité que pourrait contenir la carte d'une étendue vide, mais si il fallait le faire... On l'apercevait déjà, une longue bande grise à l'horizon.

- Euh, non. Jamais. C'est comment, en bas ?

Je n'attendais pas vraiment de réponse : la situation de la ville devait être endémique. La plaine était sans doute une autre étendue morte, avec pour différence une absence de reliefs. Cet endroit était assez facile à comprendre, dans les grandes lignes. C'était une grande, très grande ruine. Parfois je me demandais si la moitié des points de repère que je décrivais n'étaient pas simplement de grandes créatures endormies, si le fait de s'en éloigner ne les faisait pas simplement disparaître et rendait tous mes efforts vains. Et ceux d'Annabelle par le même coup. Elle devait mieux savoir que moi, de toute manière.

- Dis moi, Annabelle... est-ce que... non, rien. Est-ce que... ça fait longtemps que tu es ici ? Je ne me souviens pas très bien... je suis sortie de ma chambre, et puis... ce n'était pas ma chambre. Juste autre chose. C'était... oublie ça. Je dois t'ennuyer...

Cela faisait quelques minutes que j'étais retournée à mon travail quand l'avion fut pris d'une violente secousse, beaucoup plus importante que toutes celles causées par le banc de poissons. Je suis sûre, cette fois ci, d'avoir poussé un petit cri, voire un peu plus. Notre engin se mit à dériver violemment vers la droite, tout en s'inclinant et en perdant de l'altitude. Pas besoin d'être un génie dans l'aéronautique pour le comprendre : soit il nous manquait l'aile gauche, soit... quelque chose s'était accroché. Dans les deux cas... je haussais la tête pour apercevoir quelque chose.

Et quelque chose s'était bien accroché à la droite de l'avion. C'était... une assiettée de spaghetti... avec des yeux pédonculés ?  Quoiqu'il en soit, il tirait sur l'avion, et pas dans la bonne direction...

- Annabelle... ? Je crois qu'il veut... je crois qu'il n'est pas content...

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Ven 4 Déc - 19:57
Jamais Céleste ne s’était aventurée dans la plaine. Cela me confortait encore plus dans l’idée qu’elle n’était là que depuis peu. Un goût doux-amer s’invita dans ma bouche. Elle n’avait sans doute pas vécu les mêmes choses que moi. J’aimerais être capable de la protéger de tout ça, de toutes ces horreurs. J’aimerais ne pas avoir la certitude qu’elle pourrait contempler, impuissante, la face sombre de ce monde au ciel rose.

« Avant, il y avait des… plantes géantes qui pouvaient en sortir et te poursuivre. Je ne sais pas trop comment c’est, maintenant. »

Il y avait sûrement plus rassurant comme réponse, mais je ne pouvais pas lui mentir. Ce serait stupide de ma part. À cette hauteur, peut-être que Céleste se doutait déjà du danger qui avait plané. Sa question me surprit un peu. Je n’avais encore jamais parlé de mon expérience de l’Esquisse, sinon en termes assez évasifs. Il y avait un autre point intéressant, c’était qu’elle ne s’était pas vraiment réveillée. Du moins, de ce que j’en avais compris. Mais, peut-être que si je lui en parlais, ça me soulagerait un p—

Wah, qu’est-ce que c’était que ça ? L’avion basculait dangereusement sur la droite. Quelque chose de très gros l’avait heurté ! Impossible de redresser l’engin. Je sentis mon palpitant battre contre à mes tempes. Visiblement, c’était plus gros que le banc de poissons.

« Annabelle... ? Je crois qu'il veut... je crois qu'il n'est pas content... »

La gorge nouée, je tournai la tête vers la droite. C’était fou, j’avais l’impression que l’Esquisse s’amusait à toujours rendre la nourriture agressive. Nous n’étions plus au sommet de la chaîne alimentaire ici, et quelque chose semblait vouloir nous le rappeler à chaque instant. Décidée, je soulevai la fenêtre au plafond de l’avion. Le monstre enroulait des spaghettis en guise de bras autour de l’aile, s’y accrochant avec hargne.

Il faisait vraiment froid, dans le ciel. Le vent soulevait mes cheveux et le vide me donnait une frousse terrible. Un frisson me crispa. Raison de plus pour en finir. Je sortis un couteau de ma ceinture. Je voulais essayer de le lui lancer pour le forcer à nous lâcher. Sans prévenir, je vis une énorme boulette foncer vers moi. À toute vitesse, elle atteignit mon poignet et me fit lâcher le couteau qui tomba dans le vide. Je hurlai de douleur. Mince, ça faisait vraiment mal ! Les larmes aux yeux, je retombai violemment sur le siège. La fenêtre se referma dans un claquement sec.

« O… Ok… On va faire autrement… »

Je regardai mon poignet rouge de douleur — mais surtout de sauce tomate. Pourvu qu’il ne fût pas cassé ! Je relevai mes lunettes sur mon front pour m’essuyer les yeux. Sous mon autre main, je sentis une sorte de petite bosse sur l’accoudoir. C’était un petit bouton circulaire. Marie Curie m’avait parlé d’une fonctionnalité spéciale, mais Watt avait été un peu trop expéditif. J’avais une peur bleue d’essayer, mais qui ne tentait rien n’avait rien. En fermant les yeux, j’appuyai sur le cercle. J’entendis alors un grand bruit d’engrenages. Quelque chose sortait de l’avion. Curieuse, je penchai la tête sur le côté. De petits fusils étaient apparus sur les côtés de l’avion et j’avais bien l’impression qu’il y en avait un sur le toit aussi. Cinq leviers étaient apparus sur le tableau de bord. Une vague de soulagement me submergea. Je me tournai vers ma camarade, sourire aux lèvres.

« Céleste, ça va ? Je sais pas trop comment j’ai fait, mais j’ai trouvé un truc cool ! On va pouvoir se débarrasser de ce tru—aïe ! »

Mon poignet me faisait encore mal. Je devais faire attention. Je le laissai pendre sur mes genoux, puis actionnai de l’autre main le levier du milieu pour viser le monstre. De nouveau, je sortis ma tête de l’avion pour vérifier que je visais bien, puis me rassit et enclenchai le bouton. Bang ! La chose fut projetée en arrière. Je poussai un petit cri de victoire, avant de redresser l’avion. Je m’enfonçai dans mon siège pour me calmer peu à peu.

« Je pense qu’on a dépassé le pire, pas vrai ? »

Je me mordis la lèvre pour ne pas me plaindre de la douleur qui me chauffait la peau. Ce projectile m’avait vraiment fait mal. Autant se concentrer sur le cap et parler d’autre chose.

« Pour répondre à ta question… Oui, ça fait longtemps que je suis là, je pense. Je crois que je suis arrivée ici après m’être endormie dans mon lit. C’était… différent. Vraiment. Presque utopique, irréel. La ville était très vivante, avec des maisons hors du commun. Les objets étaient beaucoup moins agressifs, surtout… Si tu veux, je peux t’en dire plus, ici ou ailleurs… »

Me souvenir de tout cela me faisait un peu mal au cœur. J’avais perdu cette insouciance que j’avais, à l’époque. Mais je demeurai optimiste. Un jour, on allait changer tout ça, j’en étais certaine. J’inspirai un grand coup.

« Ah, au fait. Tu ne m’ennuies pas du tout, Céleste. Quelqu’un qui dessine, ça doit être beaucoup de choses, mais ce n’est sûrement pas ennuyeux. Tu sais qu’ici, on nous appelle les dessinateurs ? »

Je soufflai du nez. Dessinateurs, dans un monde nommé Esquisse. Je me demandais ce que ça pouvait signifier.

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Mar 8 Déc - 20:45
Quand tout se fut calmé, Annabelle m'interpella, et je me rendis compte de ma position ridicule. Je redressais la tête d'en dessous de mon cahier et déplais les jambes. Plus trace du monstre à l'horizon. Je finis par oser regarder en dehors de l'avion après un instant de flottement, puis me rasseyais proprement. Tout semblait être resté en état de nous garder en l'air pour le reste du trajet. Devant moi, Annabelle était de nouveau concentrée aux commandes de l'avion, et nous nous dirigions à nouveau vers la base.

En parcourant rapidement mes feuillets, je remarquais que j'avais presque terminé : seule la plaine restait à faire, et je doutais de pouvoir réaliser une carte détaillée d'une étendue si plate. Quelques nuances se succédaient sous nos pieds : ocre, jaune, gris, blanc, rose... parfois un petit édifice ou un arbre venait apporter sa touche de couleur. Je m'appliquais à reproduire les quelques détails qui ponctuaient l'étendue, en relevant parfois la tête pour écouter plus attentivement ma compagne.

Assurément cela faisait bien plus longtemps que moi qu'elle était là. Annabelle semblait beaucoup plus déterminée que moi, faisait preuve de plus d'assurance que je n'en posséderai jamais. Elle avait dû appartenir à cette catégorie d'enfants qui voient le monde à travers des yeux de héros, qui sauvent l'univers chaque quart d'heure sans se soucier de rentrer chez eux la chemise déchirée. Je crois que je l'enviais un peu. Ce qui ne m'empêcha pas de me sentir rosir lorsqu'elle me fit, à sa manière, un compliment.

- Merci... enfin, quand même, je... qu'est-ce que tu t'es faite à la main, Annabelle ?

Le poignet de ma compagne était rouge vif. Je me penchais vers elle pour l'examiner de plus près, en regrettant déjà de ne pas avoir demandé à prendre des affaires de premiers soins... et je perdais l'équilibre à la première turbulence, pour m'écraser sur son accoudoir, appuyant sur la moitié des commandes par la même occasion. Un cortège d'engrenages se mit en branle, alors que je me redressais vivement en marmonnant quelques excuses pathétiques.

- Ce sont... les mêmes choses que tout à l'heure ? Sur quoi j'ai appuyée... désolée. Désolée.

Mais quelle idiote.

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Mer 23 Déc - 12:52
Je soupirai à la réponse de ma camarade. Mon poignet me lançait, c’était… supportable. Mais gênant. Comme si une mouche aux vrombissements irritants tournait autour de moi, sans que je cherche à l’attraper. Je souris quand même, pour la rassurer.

« T’en fais pas. On verra quand on sera rentrées ! Heureusement que c’était pas le tien, eheh… »

Je sursautai lorsqu’un nouveau bruit d’engrenages se fit entendre. Céleste avait appuyé sur un autre bouton… Perplexe, j’ouvris une fenêtre. D’autres tourelles, plus petites, avaient fait leur apparition autour de leurs grandes sœurs. Un petit rire nerveux me secoua.

« Eh ben… C’est plus un avion qu’on a, c’est un tank... ah ! »

Ma mitaine gauche s’était détachée. Désappointée, je la regardai tournoyer vers le bas. Quel dommage, j’aimais bien cette paire… Tant pis. J’en trouverai peut-être d’autres, si elles ne cherchent pas à me manger les mains après. Je fermai la fenêtre, puis repris les commandes. Ce que j’avais dit juste avant me laissait un goût amer. Les cyantifiques étaient vraiment capables de créer des machines de guerre comme celle-là. Ça ne me rassurait pas du tout. Ça voulait dire que toute rébellion contre eux se révélait très difficile, voire impossible. Rien que leur capacité à créer des armes aussi dangereuses était un moyen de pression. Pour eux, étions-nous des alliés ou de la chair à canon potentielle ? Trop de zones d’ombres se dressaient sur mes réflexions. Pourtant, je me sentais incapable de m’expliquer avec eux.

« Céleste ? Qu’est-ce que tu penses des cyantifiques ? Des gens qui nous ont envoyées là ? »

La dessinatrice était plus âgée que moi. Elle était nouvelle, mais ça ne l’empêchait pas d’avoir un avis qui pourrait m’aider.

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Mer 27 Jan - 1:16
- Les scientifiques ? Je ne sais pas. Je... n'arrive pas à les cerner. A savoir ce qu'ils veulent. Enfin... Ah, j'ai presque fini !

Je regardais les feuillets qui se trouvaient entre mes mains. Ce n'était pas très beau, et mon trait tremblotait un peu dans cet avion, mais c'était à l'évidence une carte, et sans doute fonctionnelle. Si le paysage ne changeait pas en cours de route, auquel cas je... mieux valait ne pas y penser. J'en profitai pour tourner une page et faire une esquisse de mon pilote, tout en cherchant les mots pour relancer un semblant de conversation. En dessous de nous, tout semblait calme, et au dessus aussi. Cela ralentissait mes pensées, du moins réduisait le peu d'inspiration pour les relations humaines que j'avais à peau de chagrin.

Soudainement, une ombre passa sur ma main. Je n'y portai pas attention, jusqu'à ce qu'elle repasse une fois, deux fois. Quelque chose tournait autour de l'avion, et de toute évidence, cela cherchait quelque chose. Je fouillai les environs immédiats de notre véhicule du regard, nerveuse.

-... Annabelle ?

Le fond mouvant du ciel me brouillait la vision, je n'y distinguais rien. En dessous, la plaine était toujours aussi déserte, dépourvue du moindre mouvement. L'ombre repassa, une quatrième fois, m'obscurcissant la vue.

-Il y a... quelque chose, autour de nous.

Du coin de l'œil, je distinguai soudain un mouvement fugitif. En m'efforçant de le retrouver, je parvins à apercevoir la chose, virevoltant, tournoyant au dessus du cockpit, sans parvenir à l'identifier. Quoique...

-Anna ? ... ta... mitaine, nous en veut.

Elle était revenue, et n'avait pas l'air très serviable. Ses orifices s'ouvraient et se refermaient, tandis qu'elle s'enroulait et se déroulait sur elle-même. Alors qu'elle s'approchait, elle émit une plainte rauque, effrayante. Je n'arrivais pas à croire qu'une mitaine pouvait avoir l'air effrayant, mais ici... autant ne pas trop me poser de questions. Et le vêtement s'approchait vite. Pas le temps de penser à ça. D'une seconde à l'autre, il serait...

Une détonation retentit, et la mitaine se mit à tournoyer lamentablement vers le sol, derrière nous, dans une plainte misérable. Les petites tourelles déployées autour de l'avion se rétractèrent dans un chuintement. Le calme revint, et ce fut tout. J'étais... presque déçue.

-... Je suppose que... c'est fait... Nous devrions rentrer, Annabelle. Je n'ai plus rien à ajouter sur cette carte... au fait, je ne dessine pas, d'habitude. Je peins. Si un jour, par hasard, tu trouves de la peinture à l'huile quelque part... non, oublie ça.

Il faisait clair dans l'habitacle, et l'air y était doux. Je regardais une fois de plus la jeune femme qui m'accompagnait, et je jetai un dernier trait à son portrait, sur mon carnet. Le voyage était terminé, et il était temps de rentrer.

Je crois qu'à cet instant, j'ai souri.

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Anna
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Sam 30 Jan - 0:23
Ce qu’elle me répondit ne m’apporta pas grand-chose. Au moins, cela m’éclairait sur un point : pour les nouveaux comme pour les anciens, les intentions des cyantifiques étaient encore floues. Mauvais signe. Autant pour nous que pour eux. Ma méfiance envers eux ne faisait que s’accroître. Que fallait-il faire ? Partir ? Rester ? Quelle était la meilleure façon de résister ? Leur dire qu’aucune de leurs manigances, aussi honnêtes semblaient-elles, ne m’atteignait ? Peut-être fallait-il demander à d’autres personnes. Et, au besoin, prévenir les plus naïfs. Pour qu’ils ne tombent pas dans le même piège que moi.

« Je pense qu’on doit s’en méfier. J’ai connu des collègues à eux, et… Ils n’ont eu aucun scrupule à nous traiter comme des esclaves. »

Ma voix se brisa sur la fin. Tout ce temps passé ne m’avait pas guérie. Je ne leur avais pas pardonné et ne me sentais pas prête pour cela. La chaleur des bons moments se retrouvait balayée par le souvenir de cette si longue nuit. Même cet apaisant vol en avion, accompagné d’une si gentille personne, ne m’était pas aussi doux que je l’avais voulu.

Mes pensées furent interrompues lorsque ladite personne m’interpella. Je tournai la tête à droite, à gauche. Ma… mitaine. Elle était revenue et n’avait vraiment pas l’air contente. Son cri m’effraya : j’avais l’habitude des Objets incongrus, mais celui-là était… surprenant. À contrecœur, je tirai en plein dans sa paume. Quel gâchis…

Concentrée sur la route, je souris en entendant Céleste déclarer la fin du dessin. J’avais hâte d’avoir un exemplaire de sa carte entre les mains. De la ville, ne restait plus qu’un tas de ruines immobiles. Le seul point positif, peut-être ; au moins, la carte sera fiable pendant un bon moment. Je hochai la tête lorsqu’elle parla de peinture.

« J’ai connu un peintre… Je suis sûre que tu es aussi douée que lui. J’ai hâte de voir le résultat, en tout cas ! »

Sur ces mots, je fis tourner l’avion. Cap sur la Base. C’était enfin terminé ! J’aurais peut-être voulu rester plus longtemps, si notre petite escapade n’avait pas subi autant de remous. Désormais, la sérénité emplissait notre engin. Seul le ronronnement des engrenages se faisait entendre. Plus d’Objet mal intentionné sur notre route ; peut-être que les multiples détonations les avaient dissuadés.

« Quand on sera rentrées, j’irai me soigner pendant que tu rendras ta carte… C’était chouette, ce petit voyage, non ? Plus de peur que de mal… »

J’émis un petit rire. La Base se profilait déjà à l’horizon, à l’orée de la Ville. Le nez de l’avion se baissa peu à peu. Je me retins de refaire une blague sur Air Esquisse : c’était quand même plutôt nul, tout compte fait. Autant apprécier ce calme si difficile à cerner. En bas, d’autres troubles devaient déjà se préparer.

Résumé:


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