1 résultat trouvé pour canislupus

par LicornePouèt
le Jeu 1 Fév - 12:19
 
Rechercher dans: Carnet de croquis
Sujet: Le retour de la revanche du fils du cousin de Croc-Blanc 2
Réponses: 3
Vues: 3726

Le retour de la revanche du fils du cousin de Croc-Blanc 2

Médor




APPELLATION
◘ AAAAAAAAAAAH UN LOUP ! RAAAAH, un OBJET ! ◘
Ca c’est ceux qui n’étaient pas dans le Camion.
◘ MÉDOR ◘
Ca, c’est les idiots du Camion

ÂGE
Vague. Entre la vingtaine et la trentaine. Ou peut-être moins ?

NATIONALITÉ
Vague.

GOÛTS (en cours)
Ce que mon personnage ne supporte pas ?

- Les gens qui se prennent pour des héros. Franchement, que tu veuilles te la péter en soirée, que t'as soi-disant tuer une Tasse de trois mètres de haut à mains nues, soit. Que tu fasses des yeux de biche et que tu promettes à un être humain quelconque que tu vas le sauver au péril de ta vie, que tu feras barrage de ton corps... Okay. Mais que tu ailles foncer dans le tas avec un vase en pâte à sel sous prétexte que rien du tout, non. Après, il faut aller sauver tes fesses. Et c'est chronophage.

- Les gens qui parlent, parlent parlent... Le temps qui s'écoule c'est de la vie en moins. Et puis il faut pas parler aussi vite, c'est dur à capter !

Ce que mon personnage poucebleuterait sur Esquisse :

- Mordre des trucs, mâchonner, mordiller du caoutchouc #canislupus
- La viande.  #carnivore
- Faire la cuisine. Dommage, il peut pas. #Onveutdesmains


ARRIVÉE DANS L'ESQUISSE
Disons Jour 16. Des débuts difficiles hein forcément. Survivre, faire face à son identité. Créer son identité en fait même. Se demander si tout ça vaut vraiment le coup… Croiser un Camion, lui courir après… Arriver au Labo.


Caractéristiques



♦️ CONSTITUTION PHYSIQUE : plutôt élevé. C’est un loup très musclé, avec une épaisse fourrure, on peut donc estimer que le blesser sérieusement n’est pas aisé et qu’il y a de l’endurance dans cette carcasse.
♦️ HABILETÉ : Très bas. Essayer de tenir quoi que ce soit avec des pattes.
♦️ FACULTÉS MENTALES : Intermédiaire S'il s'agit de survivre, ça va. S'il s'agit de réfléchir et de réagir posément, un peu moins. Et puis Esquisse c'est neuf.

♦️ MAÎTRISE DU COMBAT SANS ARMES : Adepte C'est étrangement inné de sauter à la gorge et de mordre les membres.
♦️ CUISINE : Adepte Il faut bien manger. Par contre, allez savoir d'où ça lui vient. Et puis c'est plus de l'ordre de donner des instructions que de faire soi-même; on est pas dans un Disney ! (Comment ça, Ratatouille ?!)
♦️ SCIENCES APPLIQUÉES ( biologie) Adepte. Allez savoir pourquoi aussi.

♦️ PARTICULARITÉS :
Forme lupine. Plus que le sujet de cette fiche, ça touche surtout le comportement des autres, bien entraînés à dégommer tout ce qui n’est pas physiquement 60 % humain. Sinon, ça implique de devoir oublier tout action même anodine qui nécessite un pouce préhenseur, ou de se dresser sur deux membres. Mais en contrepartie, ça tient chaud, ça protège bien, ça mord fort et ça court vite.

Ha si, la vision. Dans les faits un loup ca voit à 250° (contre 180° pour l'homme) en bicolore (jaune et bleu) et  flou (mauvaise acuité visuelle), surtout devant.  Par contre ça voit 'plus vite' qu'un humain, et mieux la nuit (couche réfléchissante au fond de l’œil). Pour avoir une petite idée de comment un loup (ou un chien d'ailleurs) verrait votre splendide avatar, c'est ici

♦️ NIVEAU DE DIFFICULTÉ SOUHAITÉ :
Disons Normal.

Résumé des épisodes précédents




Le prologue à l’Esquisse… Certains y voient un Paradis perdu, d’autres un fait divers négligeable, un tableau qu’il fut bon d’effacer. Certains attendent d’en écrire la suite, d’autres qu’il reste à jamais où il est.
Pour la pauvre âme ci-présente, il est un vide, une non-existence. Un Peut-être et des Si absolus qui font une belle orgie de questionnements stériles. Concrètement, les premiers de ce roman sans titre encore furent « Qui ? «  et « Quoi ? », grugeant la place aux sempiternels « AAAAAAH BONDIEUDEDIANTREDEQUOIQUEBORDEL » et autres «Je dois rêver » et charmants « Rien de tout ça n’est réel ».

Car s’il est une souffrance d’arriver tout frais d’humanité et de logique dans ce miasme esquisséen, et qu’en guise de glaçage vous ayez des terres de Sable à votre disposition, il en est concrètement une qui je vous assure n’est pas si enviable : ouvrir les yeux comme on couche ses premiers mots sur une page blanche.




Ainsi, tout commença par le paysage de désolation des abords de… quelque chose. Un sentiment de tristesse, de désordre à l’esprit. Un malaise qui plane. L’envie de se lever. La douleur. Les membres sont raides.

Et puis ça y est, la conscience se met en marche, un peu brutalement. « Qui suis-je ? » ou plutôt « Que suis-je ? »

Un instant d’égarement, où on se demande s’il on est une de ces choses qui ne bouge pas, si c’est à ça qu’on ressemble.
Ca y est, le moteur tourne. Le crayon trace à toute vitesse une ébauche comme viennent les constatations d’une haute perspicacité. On ne peut pas être une de ces choses, car on est. Elles sont elles, et on est soi. Quatre membres, du mouvement. On entend, on voit. On sent, on touche. On réagit, et le reste non. On émet du son, on remue. Un pas, puis l’autre. Ca tangue, cela vient de nous, on a du mal à se mouvoir sur ses extrémités. Ce sont des idées qui s’emboîtent. On observe. Là c’est à soi, mais pas ça. On ne peut pas se voir entièrement ; car il est clair que l’on est une forme complexe et d’un bloc, pas une succession de ces choses qui environnent le regard. Les membres sont attachés à un corps, et on voit par le bout de ce corps. De l’autre côté, on s’affine brusquement après la seconde paire de membres.
Ho, suivant où va l’esprit, le regard, le son s’adapte. L’odeur aussi. Il y a du mouvements là-bas. On se sent tout froid. Inquiet. Oui c’est cela, même si le mot n’existe pas encore, le concept y est : on a peur. Malgré l’engourdissement, les mouvements cahin-caha, on part, on fuit. On chute. Mais le bruit est lointain, et bientôt couvert par des sons suraigus qui distillent l’effroi le plus total, et hérissent l’échine. Cela fait une vague désagréable qui glisse sur tout le corps.
Mais bizarrement, comme une odeur se répand dans l’air et que les cris cessent, on se sent un peu soulagé. L’idée est pure, pleine d’instinct : autre chose a souffert, et maintenant le Danger est repu.

L’esprit reprend l’investigation. On s’observe, on comprend de quoi on est couvert, on visualise à peu près comment notre corps est fait, mais cela reste seulement des concepts, des choses dans la tête. On voudrait poser quelque chose dessus, leur donner une étiquette, mais les concepts restent des courants d’air. C’est énervant. Frustrant. Voyons, notre corps est couvert de fines excroissances qui, on le sait, tiennent chaud. En dessous est caché la vraie limite de notre corps. Celle-ci est fine, fragile. Elle ne doit pas être rompue, sinon, il y a la Douleur, la Blessure. Et par delà, la Mort. Mais qu’est-ce que la Mort ? Est-ce le Vide ? Le Silence ?

Non non, l’esprit ne se concentre pas sur ce qu’il faut ! On est un esprit agile, vif, mais qui va dans tous les sens, il faut de la discipline. Voyons. On est quelque chose qui bouge, qui pense, qui entend, qui voit et qui sent. On a peur, on a des sensations complexes, des idées complexes, et pourtant on les appréhende, on les comprend facilement.


Ainsi passa le Premier Jour. La pauvre âme tourmentée touchait tellement du doigt son essentialité qu’elle ne prit même pas le temps de paniquer par rapport au manque de Logique. A peine remarqua-t-elle que le fonctionnement de son univers lui échappait, et elle mit cela sur le compte de son absence cruelle de réponses sur sa propre personne. Et ses pas hagards la menèrent plus près de la Ville, car c’était à ses abords qu’elle s’était éveillée.

Elle vit les premiers Dessinateurs au détour d’un gros gravât à distance du reste. Elle s’avança timidement, ils crièrent, paniquèrent. Elle fuit. Il lui avait pourtant semblé que ces créatures seraient bienveillantes. Et puis, pourquoi l’appeler « Objet » ? pourquoi paniquer de son aspect ? Et… Elle avait compris ce qu’ils disaient ! Mais elle aussi avait des sons pour communiquer !

Ainsi les mots affluèrent.

On ouvre la bouche. Se surprend de cette voix cassée, rauque. On s’attendait à…. A rien en fait. L’idée de la parole n’avait pas encore effleuré l’esprit. Mais d’ailleurs, Est-on un Lui ou un Elle ? C’est une question un peu futile, mais cela tient à cœur cette distinction. Se souvenir...

Mais de Souvenirs, pas. Ces yeux n’avaient jamais vu ces lieux, n’avaient jamais marché sur ce sol, mais pourtant, elle en comprenait le principe. Même s’il y avait toujours quelque chose pour chiffonner. C’était ça, mais sans être complètement ce que ça devait être. La créature ressentit enfin ce bon vieux malaise. Cette frayeur inexplicable que procurait Esquisse.

Ces bâtiments, car c’était ainsi que cela s’appelait, étaient cassés ou tordus. En ruines. Ce n’était pas la bonne façon d’être. Ce ciel était rose. Ce n’était pas la bonne façon d’être. Cette fleur était trop grande et se déplaçait. Ce n’était définitivement pas la bonne façon d’être.

Mais elle-même n’avait pas la bonne façon d’être. Elle aurait du ressembler à une de ces créatures douée de paroles auprès duquel elle se sentait une affinité. Deux membres pour marcher, deux membres pour saisir. Pas quatre pour marcher. Et pourquoi un nez si proéminent, un corps couvert de poils ? Pourquoi tout est si pâle, si flou ?  

Et pourquoi ses derniers souvenirs dataient de la veille ?

C’est sur cette question sans réponse que lui tomba dessus le Sommeil. Elle se laissa engloutir.


« Ô mon bel et dormant Objet,
Je ne sais comment te nommer
, »

Réveil. Une voix sonne aux oreilles, toute proche. Elle est chantante bien qu’éraillée, presque rieuse.

« Et le seul mot qui me vienne aux lèvres,
Comme cela tout d’un coup
 »

On ouvre un œil, au aguets. C’est un bipède, penché au-dessus de soi. Un frisson parcoure la fourrure en se rappelant les cris et les menaces de notre précédent contact avec cette espèce.

« Quoi que cela semble un peu mièvre
Est bien celui de…

AAAAAH, il s’est réveillé !
 »

Le bipède a fait un grand sursaut en arrière et a trébuché. On se relève vite, on se tient droit, malgré l’engourdissement. c’est une chance ! On se concentre sur lui. Le poil se hérisse, on augmente son volume. On retrousse les lèvres. On est prêt s’il veut attaquer, et on avertit en grognant. Attention.  

« Hé je ne te t’ai rien fait moi, alors on se calme. »

Un timbre las, fataliste.
Une peau pâle, des cheveux poussiéreux et laissés à l’abandon, des vêtements déchirés, une odeur de sang séché… Et surtout ces yeux dorés plein de tristesse. Il n’a rien d’une menace immédiate, contrairement aux deux autres de tout-à-l’heure, qui avaient brandi une cuillère géante et des bolas artisanaux.
Le pelage se dégonfle, les lèvres retombent. Malgré tout, il faut rester en alerte, et surveiller cet intrus. Il était là quand l’esprit n’y était pas là, qui sait si ce n’est pas que le timing qui nous a sauvé ?

Il se relève avec précipitation, s’époussette maladroitement en reculant toujours plus. Il a plus une tête d’animal blessé que de prédateur.

«  C’est bien la première fois qu’un Objet m’écoute. »

Colère. C’est la deuxième fois qu’il y a ce mot ! Et la première occasion a été désagréable. Grognements entrecoupés de mots.

« Je ne. Suis. PAS. un. OBJET »  

Il y a de la colère, mais aussi de l’incompréhension. Un objet, c’est quelque chose d’immobile, de non vivant. Qui ne sent pas, ne voit pas. Pourquoi ce terme si mystérieux et insultant ?  

Malheureusement, l’interlocuteur n’est pas d’une grande aide ; son regard brille, il est plus détendu. On se détend aussi un peu du coup. Les deux autres étaient une erreur ? Il se rapproche, fébrile.

« Tu es un humain, c’est ça ? »

De l’espoir. Presque de la joie dans ce ton. Mais on est pas comme lui. On le fait remarquer. Serait-ce du sarcasme qu’on emploie ? Mais il parle, il est excité, tout son corps est en tension, il n’écoute plus ; l’a-t-il seulement fait à un moment depuis que l’on arrêté de grogner, comme un animal ?  

Un animal. Oui c’est cela. On est un animal. Tout du moins, on a cette forme.

Mais l’humain est ailleurs, il marmonne, s’émerveille et gesticule. On a envie de lui mordre une cuisse rien que pour le calmer. Son long manteau en lambeau vacille dans tous les sens et fait mal à la tête à force. Un grognement va-t-il suffire ?

Ca y est, il se rappelle qu’on existe, mais il parle, il parle… Quel emmerdeur ! Incapable de se calmer, on dirait un gosse dans un magasin de jouets !

« Mais tais-toi, tu me gonfles ! »

La vérité, c’est plutôt qu’on peine à comprendre tout ce qu’il dit à cause du débit. Comme s’il parlait une langue étrangère, mais qu’on maîtrise très bien. Il manque ce petit plus qui fait que les notions se posent directement dans le cerveau. Il y a comme un temps d’adaptation. Mais on est fier.

En attendant, il est docile. c’est déjà ça. On va peut-être pouvoir causer finalement.



Peu à peu, la vérité se fit. L’inconnu était certes bavard et excentrique, mais surtout assez seul. Il expliqua de manière blasé tout ce qu’il savait à la créature, c’est-à-dire assez peu. Les Objets, soit tout ce qui n’était pas humain, devait être classifié automatiquement en potentiellement létal si on voulait survivre. On arrivait ici comme dans un rêve, mais personne n’en connaissait la sortie ou la cause. Il y avait aussi la folie sous-jacente, les étranges auto-proclamés Cyantifiques rebelles, de mystérieuses Tempêtes où les gens se jetaient parfois pétris d’espoirs…

Il s’embrouillait régulièrement, partait sur des récits alambiqués qui n’en finissaient pas, se retint de nombreuse fois de pleurer et finalement promit au nouveau venu de l’aider à survivre en restant à ses côtés. En substance, il faisait son possible pour aider, mais n’étant pas un malabar, on ne le prenait que rarement au sérieux. Et de implicitement, ce n’était pas la première personne qu’il croisait, complètement ahuri et victime des métamorphoses les plus diverses. Cela aurait presque fait plaisir à la créature, si l’inéluctable ne sonnait pas dans chaque fin de joyeuse rencontre. On arrivait pas mal ici, mais on en repartait trop les pieds devant. Les survivants devaient sûrement se comptabiliser de tête, si ce n’est sur une main. L’inconnu était lessivé, complètement entrecoupé entre des maigres survivants qui avaient l’air tous fous ou dignes de Rambo, et les morts esseulés à la pelle qu’il avait vu. Lui-même riait presque trop de sa santé mentale, fort conscient qu’il aurait pu finir en deux morceaux dans la panse de son présent interlocuteur dans un monde parallèle.


Malgré toute cette horreur, cela fit beaucoup de bien à notre âme perdue. Cela lui faisait quelqu’un avec qui discuter. Et surtout, quelqu’un avec qui échanger. Échanger sur l’absence de souvenirs, sur la bizarrerie de ce monde, sur les façons absurdes de se déplacer et de se nourrir des Objets.

La créature commença à se remémorer une vague idée de ce monde d’avant, avec ses conflits, ses enjeux. La politique, la religion, les ragots sur les stars montantes. C’était vif et en même temps lointain. Elle pouvait également enfin mettre un nom sur sa forme : Loup. Elle était un loup. Un très gros loup. Par contre, l’inconnu s’était trouvé bien incapable de lui dire si elle était un mâle ou une femelle, plus préoccupé par sa ressemblance avec un personnage imaginaire. Au pire, ce n’était pas le plus grave. Elle avait des crocs, elle avait de puissantes pattes pour courir et sauter, une épaisse fourrure qui la protégeait du froid . Elle pouvait survivre.

L’Esquisse lui donna vite raison, particulièrement quand ils croisèrent non pas un, mais deux  décapsuleurs-guillotine haut de plus d’un mètre qui poursuivaient un pauvre hère à bout de souffle. Le combat dura un bon bout de temps, et la récupération encore plus. Mais ils avaient triomphé. Ils avaient même sauvé un compagnon.

C’est dans un sourire sincère et partagé que mourut le Jour.

Le nuit était à peine arrivée qu’elle fut déchirée par quelques cris de détresse et un sol qui s’ébrouait doucement. D’abord anecdotique, la vérité apparut avec la lumière synonyme du jour : la Ville était assiégée. Une sphère gigantesque et bleutée s’affairait délicieusement à rouler comme le ferait toutes les boules, écrasant et réduisant en poussière tout ce qui était sur son chemin. Une horreur dans le plus simple appareil, une titanesque et simple bille bleue qui roulait.

Son comparse était pétrifié et tremblant, en larmes. Le nouveau venu choqué, totalement absent. Mais le Loup ne comprenait pas. Ce n’étaient que des ruines, de simples bricoles poussiéreuses empilées les unes sur les autres. Son instinct lui soufflait de fuir ce bruit, fuir l’agitation. Déjà d’autres humains fuyaient et allaient à leur encontre. Des humains fous de peur, qui tueraient tout ce qui ne leur ressemble pas.

Il faut s’éloigner, courir jusqu’à ce que les membres fassent mal et cèdent, jusqu’à ce que l’Air brûle la gorge. Fuir pour sa Vie.

Ainsi courut le sombre personnage de ce récit sans titre. Il courut à perdre haleine, dopé à l’adrénaline et n’écoutant que son esprit bestial qui lui disait de partir loin du Bruit, de l’agitation, de l’appel de la Mort.

Ainsi la triste âme perdue laissa ses compagnons loin derrière, n’écoutant que sa couardise.

Mais au bout de la course folle, loin de la poussière, là où le silence était resté, le fuyard se stoppa, mal à l’aise. Était-ce ainsi que cette histoire allait s’écrire ? Abandonner quiconque pour son propre compte ? Quitter la sécurité d’un groupe pour sa sûreté propre ?

Alors l’animal se fit violence et rebroussa chemin. La route fut plus longue, elle portait sur les pattes, la peur grignotait les entrailles. Mais le vacarme s’était apaisé. Il y avait toujours le séisme, les cris abstraits, l’odeur du sang, l’effroi dans l’air et des corps brisés. Il y avait des Objets, virulents et inconstants. On aurait presque dit que la terreur les envahissait aussi. Ou l’Excitation. La Ville ne se voyait plus à l’horizon lointain, et ses compagnons non plus.

Le Loup arriva tout de même à retrouver plus loin le petit nouveau. Il le trouva à l’agonie, fiévreux. Évidemment, les héros aimant jouer leur rôle, l’autre était parti d’une traite vers la Ville depuis un long moment, histoire pour une fois de se rendre utile. Le nouveau n’avait bien sûr pas voulu, pas fou lui. Il avait voulu l’arrêter, mais il faut croire que les décapsuleurs ne faisaient pas qu’étêter pour tromper l’ennui. Comme quoi, courir vers un but en laissant les autres derrière semblait être la norme. Le Loup avait compris cette fois la leçon, et resta à côté de son compagnon, l’entourant peu à peu de sa fourrure et de la chaleur dont il était absent.

Quand la créature rouvrit les yeux, le troisième compère était reparut. Elle aurait bien voulu s’inquiéter du fait que le sommeil la prenait deux fois en si peu de temps et qu’elle n’avait rien pour y remédier, mais elle remarqua la mine grave du héros. Si cela avait encore été possible, on aurait eu l’impression que quelque chose s’était brisé en lui. Il était torse et pieds nus, et cela n’avait rien d’une pseudo-mise en scène pour les minettes. Il suintait la débâcle, la peur et le sang. La Faim se fit dans un quasi silence, mais de la Ville, si tant est que le terme désignait encore quelque chose, avait été ramené des bouts abscons et supposément comestibles. Le premier repas de la journée fut léger comme du marbre, et le temps s’étira pour faire la sieste. Il y eut encore quelques agressions de sempiternels Objets de petite taille, mais la plupart avaient fuis.

La Nuit finit par tomber à nouveau. Le Loup était légèrement avantagé et se mit tout en guettant à réfléchir à la suite des événements, tandis que son second compagnon prenait soin du dernier. Cette personne qu’il avait été devait avoir eu un nom, une forme humaine. Un âge, un sexe. De la famille sans doute, peut-être des enfants, au moins des parents à un moment donné. Des choses parties en fumée. Et un nouveau monde était apparu, avec ses règles sibyllines, son danger constant et son talent à moudre l’espoir. Une nouvelle apparence, pleine de force et de capacité à blesser, tuer. Pleine  d’instincts contradictoires.

Le Loup avait envie de mordre, de déchiqueter tout ce qui passait à sa portée, d’exprimer sa rage et surtout de se libérer de ces émotions douloureuses. Il en venait même à se dire que les Objets eux n’exprimaient pas de tristesse ou d’inquiétude.

Le murmure du Camion brisa ses pensées et le ramena brusquement à la terre esquisséeenne. Le bruit se rapprochait, amenant des odeurs réconfortantes. Des Survivants. La Vie. C’était clairement un bateau de sauvetage. Il héla son compagnon, le pressant de ramasser ses maigres guenilles et de courir après le convoi. Las, celui-ci n’avait d’yeux que pour leur troisième compère,qu’il exhortait à se lever et les rejoindre, tentant de ses maigres forces de le porter sur ses épaules et de lui soutenir la tête. Mais il ne se lèverait plus, et ce depuis la veille. Alors le Loup finit par partir. Seul.
 

Le Camion était visible de loin, et le Loup ne le perdit que peu de fois, bien qu’il soit continuellement distancé malgré ses puissantes pattes. Il voyait de temps à autre les arrêts, et en profitait pour regagner de l’avance. Il y avait quelque fois des naufragés en plus, récupérés ici et là. Un peu comme lui. Mais la méfiance le poussait à rester toujours à distance moyenne du véhicule.

Au bout du troisième Jour, il rattrapa finalement le convoi, qui était assailli par de gluants boas de plumes iridescentes longs de quelques mètres. La fatigue s’était accumulé et les survivants peinaient un peu à les décrocher des essieux. Il offrit maladroitement son aide et alla ensuite vite se terrer dans un recoin sombre du Camion, non sans marmonner qu’il était lui aussi un Naufragé. Une voix anonyme lui demanda son nom et s’il avait soif.

Cela laissa la créature perplexe de longues secondes. A priori, elle n’avait pas de nom, n’ayant pas de souvenirs, pas d’existence avant ces quelques jours cauchemardesques. Les seuls qu’il lui venaient en tête étaient MuppMupp et Mippi, les deux surnoms horripilants trouvés par son compagnon de route. D’ailleurs, il ne connaissait même son prénom au final…

« Vous n’avez qu’à m’appeler Médor »

lança-t-il, un peu excédé de ces politesses inutiles. Il ressemblait à un Objet, il sentait la Peur, pas besoin d’essayer de faire semblant.

- Ho, okay, joli nom. »


. . .

Génial, des gens même pas capable de comprendre un trait d’humour fatigué. Avoir manqué de peu de mourir était une chose, ne même être capable de distinguer une boutade en était une autre.

Il fut donc présenter à la maigre communauté sous le nom de Médor, qui globalement, hocha bêtement la tête, comme s’il s’agissait d’un énième Nicolas, Émilie ou Dominique. Ulcéré et en proie à ce fichu sommeil, il préféra ne pas répliquer et resta tête basse. Il aurait quand même bien  bouffé un de ces Cyantifiques ou la personne assez bête pour le prendre au pied de la lettre.  

Caractère



C'est de l'ordre de la formalité, mais au cas je mets noir sur blanc le caractère basique de mon personnage, et précise par ailleurs qu'il peut être amené à changer, celui-ci est encore dans sa période Découverte et se découvre même lui-même. (on croirait que je parle de l'adolescence)

• Sarcasme •
Cet agréable compagnon de survie a tendance à devenir sarcastique dès que la fatigue ou l'ennui le prend.

• Patience •
Médor en manque un peu. Juste un peu.

• Contrôle de soi •
Idem. Surtout que ça ne transparaît peut-être pas trop, mais il doit faire face à des pulsions primaires, qui n'ont pas l'air d'être celles d'un toutou à sa mémé. Et puis étrangement il faut de la concentration pour comprendre tout ce que dit un humain maintenant, et donc la fatigue (et l'énervement) surviennent vite.


Spoiler:

Sauter vers: